Pour résumer mon travail de recherche, je dirais que j'explore les modalités de consommation du sport professionnel dans l'ère post-numérique et analysant plus particulièrement le recours aux nouvelles technologies et médias sociaux par les acteurs du sport (fans, équipes, ligues, athlètes, sponsors…). Deux mots-concepts structurent ce travail : l'expérience et le spectacle.
Il faudrait que j'explique tout ce que je dois à Raphaël Enthoven tant ses émissions m'ont déniaisé. Dans "Le Gai Savoir" du 8 décembre consacré à Bergson il explique en quoi Proust est Bergsonien. Tout en finesse et clarté, il détaille comment des expériences immersives du monde se mettent en scène pour finalement se figer et se gadgétiser. Pour le dire autrement, l'expérience immédiate du monde est passée au filtre de la spectacularisation et se réduit à la représentation (sur)jouée de ce que nous croyons être l'expérience : l'authentique devient l'authentoc. Raphaël Enthoven serait effaré de l'apprendre, mais ce passage très précis de son émission - où il prend d'ailleurs l'exemple du tourisme - pourrait être mobilisé dans le cadre d'un TD sur le marketing expérientiel (qui doit beaucoup à Jean Baudrillard).
Il faudrait que j'explique tout ce que je dois à Raphaël Enthoven tant ses émissions m'ont déniaisé. Dans "Le Gai Savoir" du 8 décembre consacré à Bergson il explique en quoi Proust est Bergsonien. Tout en finesse et clarté, il détaille comment des expériences immersives du monde se mettent en scène pour finalement se figer et se gadgétiser. Pour le dire autrement, l'expérience immédiate du monde est passée au filtre de la spectacularisation et se réduit à la représentation (sur)jouée de ce que nous croyons être l'expérience : l'authentique devient l'authentoc. Raphaël Enthoven serait effaré de l'apprendre, mais ce passage très précis de son émission - où il prend d'ailleurs l'exemple du tourisme - pourrait être mobilisé dans le cadre d'un TD sur le marketing expérientiel (qui doit beaucoup à Jean Baudrillard).
Le passage en question débute à la 23ème minute.
Retranscription
"Parce qu'effectivement l'intelligence est une modalité de la représentation qui nous situe à distance du spectacle, qui produit un spectacle, c'est à dire un spectacle c'est ce qu'on a à distance, c'est ce qu'on regarde, ce n'est plus ce qu'on vit à la façon où un touriste va à Venise et va dans un restaurant où il y a des gondoles. Pourquoi est ce qu'un touriste qui va manger dans un restaurant avec des gondoles sur le mur a l'impression d'être pris pour un pigeon? Pourquoi? Et il a raison. Pour quelles raisons? Parce qu'on a transformé une expérience - être dans une gondole (comme le narrateur avec sa maman d'ailleurs, à Venise, le narrateur de la recherche) - on a transformé une expérience en gimmick touristique, en spectacle, on spectacularisé l'expérience. Dans la société du spectacle nous avons dissous l'expérience que nous pouvions faire du monde. Et au fond, en revenir à Bergson, c'est reconquérir le terrain perdu par l'expérience et transformée en spectaculaire, c'est à dire c'est remplacer le sentiment d'être - je sais pas moi - dans la légende de Paris en allant déjeuner au café de Flore avec la quatrième de couverture de son menu qui raconte comment Cocteau et Trisan Tzara s'envoyaient des oeufs à la figure, enfin bon des choses comme ça… C'est remplacer ce sentiment, cet espèce de gadget touristique par l'expérience qu'on peut faire d'aller dans un café qui ne met pas en scène sa propre histoire. C'est regagner du temps. C'est regagner du temps sur le temps perdu de la mise en spectacle de nos existences. Or c'est là - on dit l'actualité d'un texte, cette expression est absurde et en particulier en ce qui concerne Bergson - mais c'est assez intéressant à l'ère du tourisme intégral, c'est à dire à l'ère de la spectacularisation de toutes choses, de la mise en spectacle de toutes choses du genre "on va aller voir un spectacle typique japonais"… A l'ère touristique, Bergson enseigne à vivre les choses au lieu de se représenter soi même les vivants. C'est le contraire du touriste par exemple à qui un tour operator propose de "faire" une ville par jour vous voyez. C'est le contraire de ça. Il s'agit de rentrer dans les choses, de ne pas être à leur surface, de ne pas les regarder selon l'idée qu'on en a et de ne pas les vivre selon l'idée qu'on en, idée, étiquette qui a été savamment arrangée par les professionnels du tourisme qui veulent vous proposer une expérience authentique, c'est à dire un menu touristique. "
Bibliographie succincte sur le marketing expérientiel (en français)
- Bourgeon-Renault, D., Filser, M., & Pulh, M. (2003). Le marketing du spectacle vivant. Revue française de gestion (142), 113-127.
- Caillois, R. (1958). Les jeux et les hommes. Paris: Gallimard.
- Carù, A., & Cova, B. (2002). Retour sur le concept d’expérience : pour une vue plus modeste et plus complète du concept. 7èmes Journées de Recherche en Marketing de Bourgogne, Dijon - France.
- Carù, A., & Cova, B. (2006). Expériences de consommation et marketing expérientiel. Revue française de gestion (162), 99-113.
- Cova, B., & Cova, V. (2004). L’expérience de consommation : de la manipulation à la compromission? Les troisièmes Journées Normandes de la Consommation. Colloque "Société et Consommation", Rouen - France.
- Filser, M. (2002). Le marketing de la production d’expériences : statut théorique et implications managériales. Décisions marketing (28), 13-22.
- Hetzel, P. (2002). Planète conso : Marketing expérientiel et nouveaux univers de consommation. Paris: Editions d'Organisation.
- Ladwein, R. (2005). L’expérience de consommation, la mise en récit de soi et la construction identitaire : le cas du trekking. Revue management et avenir (5), 105-118.
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