lundi 30 juillet 2012

Du sport à écouter sur France Culture

A la fin du mois de juin, je vous proposais une sélection d'émissions de Radio France qui parlaient de sport. Je me prête à nouveau à cet exercice en vous soumettant quelques conseils radiophoniques piochés sur la station France Culture. Sans compter les deux premières toujours en cours de diffusion pour coller à l'actualité olympique, c'est pas moins de 16 émissions que je vous invite à écouter. L'ordre est chronologique (du plus récent au plus ancien). Je reproduis entre guillemets les présentations faites sur les sites des émissions. Les liens vous y mènerons et vous dénicherez facilement un podcast ou du streaming. Bonne écoute.


L'Étiquette olympique (du lundi au vendredi de 14h26 à 14h30, durée moyenne : 3 minutes) :
 "L’Étiquette olympique prouve par l’exemple qu’il ne suffit pas de participer, ni même de gagner pour entrer dans la légende de la plus célèbre des compétitions sportives. L’aptitude aux efforts inutiles, à la gesticulation gratuite, aux exploits incongrus a toujours caractérisé le véritable champion. Les anecdotes insolites fourmillent et les héros malheureux sont légion. L’ambition de cette chronique est d’insuffler le goût du carnaval chez les futurs champions et de promouvoir la réhabilitation du croquet aux Jeux olympiques."


A vos marques, prêts, partez !  (du lundi au vendredi de 7h10 à 7h20, durée moyenne : 3 minutes) :
"2012, Année Olympique ! Avec les Jeux de la XXXème Olympiade de l’ère moderne, à Londres du 27 juillet au 12 août 2012, les meilleurs athlètes au monde se retrouvent pour honorer la devise de ces jeux ancestraux, « Citius, altus, fortus » (plus vite, plus haut, plus fort), et tenter d’inscrire leur nom dans cette histoire internationale qui s’écrit tous les quatre ans.
Un rendez-vous unique dans la carrière d’un sportif, une consécration entourée de symboles et de valeurs liées à l’olympisme, et la fierté de faire partie de ce cercle des héros !
Depuis les premiers jeux de l’ère moderne, relancés par le baron Pierre de Coubertin en 1894, toutes ces Olympiades ont suscité intérêt, engouement, passion, réaction... que l’on soit sportif de haut niveau, acteur des Jeux, journaliste ou tout simplement spectateur. Du décorum au podium, c’est un véritable patrimoine mémoriel, culturel et sentimental qui a pu se constituer au fil du temps chez un certain nombre d’entre nous, sur fond de passion pour le sport en général, et pour la place des athlètes français en particulier.
Car cette arène est le lieu de tous les bonheurs et de toutes les douleurs, du vainqueur au médaillé du cœur. Et au-delà des exploits sportifs, ce sont des histoires humaines qui éclatent au grand jour à cette occasion. Quant il ne s’agit pas d’enjeux politiques, diplomatiques ou économiques qui s’emparent du rendez-vous comme d’une caisse de résonance.
Pour rendre ce temps fort, Aurélie Luneau a choisi de donner la parole à cinq personnalités (sportifs, écrivain, réalisateur de cinéma, journaliste), et de revivre avec eux leurs grands moments de l'histoire du sport. Une plongée dans leur panthéon olympique et sportif, riche des plus beaux dépassements de soi, avec parfois des dixièmes de seconde qui ont pu faire basculer des vies !
Au fil de l’été de France Culture, nous voyagerons dans les souvenirs de chacune de ces personnalités choisies.
  • Benoît Heimermann, journaliste de l’Equipe Magazine. Du 23 juillet au 27 juillet.
  • Florian Rousseau, triple champion olympique sur piste en 1996 et 2000 dans les disciplines du sprint, et titulaire de 10 médailles d'or mondiales, aujourd'hui entraîneur national, responsable du pole France « sprint » à l'INSEP à Paris. Du 30 juillet au 3 août.
  • Emilie Le Pennec, première française championne olympique de gymnastique, médaille d’or à Athènes en 2004 et championne d’Europe, aujourd’hui kinésithérapeute à Paris. Du 6 août au 10 août.
  • Le réalisateur Régis Wargnier. Du 13 août au 17 août.
  • L’écrivain Philippe Delerm. Du 20 août au 24 août."
Londres 2012 : la guerre des images, un sport olympique ? Emission "du Grain à Moudre d'été" du 27 juillet
"Vendredi 27 juillet, alors que les feux d'artifices seront prêts à s'envoler, Du Grain à moudre l'été et ses invités ouvriront la cérémonie des Jeux Olympiques avant l'heure. Musique, chorégraphie, costumes, mise en scène on ne peut plus maîtrisée : le spectacle est ouvert et les enjeux sont lourds.   Chacun tentera d'obtenir la plus belle image, celle qui sublimera, non seulement l'athlète, mais aussi la nation toute entière. A l'heure d'une compétition économique sans bornes, les JO peuvent-ils seulement rester une rencontre sportive ? Tentons de démêler le noeud de cette nouvelle guerre des images qui s'annonce...
  • Avec Raymond Depardon, photographe, réalisateur, journaliste et scénariste, auteur de J.O. chez Points paru en juin 2012. 
  • Georges Vigarello, historien des pratiques corporelles, de l’hygiène et des pratiques de santé, de la violence physique, des normes et des pratiques d’apparence physique. Auteur de Du jeu ancien au show sportif, la naissance d’un mythe au Seuil en 2002 et de Passion sport, Histoire d’une culture chez Textuel en 2000. 
  • Jean-Paul Jaud, réalisateur de films écologiques, il a contribué à faire évoluer la façon de filmer le sport chez Canal+ notamment, introduisant un montage cinématographique dans la réalisation des matchs de football et des directs de sport. Il a réalisé Severn, nos la voix de nos enfants en 2009 et Nos enfants nous accuserons chez J+B Productions en 2008. "

Jean-Paul Jaud et Georges Vigarello

Pierre de Coubertin. Emission "Une vie, une oeuvre" du 21 juillet
"A la charnière du XIX et du XX siècles un personnage singulier et contradictoire : Pierre de Coubertin, dont le nom reste associé à la rénovation des Jeux Olympiques. Aristocrate issu d'une famille monarchiste, Coubertin se rallie à la République en 1887. Idéaliste, il portera toute sa vie avec passion et ténacité un projet éducatif et sportif. Car Pierre de Coubertin est avant tout un pédagogue qui veut transformer le modèle éducatif. La pratique sportive sera le moteur principal de cette réforme. Dans une France meurtrie par la défaite de 70, Coubertin veut introduire la pratique du sport dans les collèges et lycées afin de revivifier la jeunesse et de former de nouvelles élites. Face à la religiosité déclinante il souhaite façonner une morale nouvelle - morale laïque - apanage de l'homme nouveau. La rénovation des Jeux Olympiques était une idée dans l'air du temps mais Coubertin lui donne une dimension internationale. Il ne sera pas prophète en son pays et s'exilera en Suisse. Coubertin ne prendra pas la mesure du péril nazi et son refus de boycotter les Jeux de Berlin en 1936 projettera une ombre funeste sur son personnage historique. Oscillant entre tradition et modernité, rétif à certaines dynamiques sociales - le professionnalisme du sport, le féminisme, dépassé par son siècle, Pierre de Coubertin finira sa vie en Suisse, solitaire, ruiné, oublié de la France. Selon ses dernières volontés son coeur repose à Olympie. Avec : 
  • Daniel Bermond, journaliste littéraire et auteur de la biographie Pierre de Coubertin aux ed. Perrin Jean Durry, historien de l'olympisme auteur notamment de l'ouvrage "Le vrai Pierre de Coubertin" Comité français P. de Coubertin
  • Patrick Clastres, historien spécialiste du sport et de l'Olympisme, auteur de "Jeux Olympiques un siècle de passion" Ed. Les quatre chemins et de "Pierre de Coubertin mémoires de jeunesse" Nouveau monde Ed.
  • Georges Vigarello, philosophe historien, auteur de multiples ouvrages sur les pratiques corporelles et les représentations du corps"
Je me souviens de Jacques Anquetil. Emission "Répliques" du 21 juillet avec Paul Fournel, ecrivain français et Cyrille Guimard, coureur cycliste devenu directeur sportif

A.Finkielkraut, C.Guimard, P. Fournel
Londres à l'heure des JO : les défis de la rénovation. Dans "Le magazine de la rédaction" du 20 juillet
"Dans une semaine, les yeux du monde entier seront braqués sur Londres, hôte des Jeux olympiques 2012, qui débuteront le 27 juillet. Londres, la plus grande ville d’Europe : 8 millions d’habitants. 15 fois Paris intra-muros !  La capitale britannique est considérée comme l’une des trois villes globales, avec New-York et Tokyo. Une capitale historique, économique, financière, culturelle, politique, diplomatique…  L’un des lieux au monde les plus dynamiques, les plus innovants, les plus surprenants, les plus inégalitaires aussi. Au fil des siècles, la ville a résisté aux invasions, aux incendies, aux épidémies ou aux bombardements. Londres s’adapte, Londres est même souvent en avance sur son temps.  Nous nous arrêtons ce soir sur les bords de la Tamise pour découvrir les récentes métamorphoses de la ville-hôte des JO. "Londres à l'heure des JO : les défis de la rénovation", c'est un reportage de Franck Mathevon, présenté par Jean-Marc Chardon. Invité(s) :
  • Manuel Appert, maître de conférences à l'université de Lyon 2
  • Delphine Papin, docteur de l'Institut francais de géopolitique, Université Paris 8 et cartographe au journal Le Monde"



« Plus vite, plus haut, plus fort » : la science au service du sport. Dans l'émission "La Marche des sciences" du 19 juillet
"Que nous soyons sportif acteur de cette pratique, ou plus churchillien dans l'âme au point de reprendre pour soi le célèbre "No sport !" du premier ministre britannique qui expliquait ainsi sa longévité, le sport est au coeur de nos vies. Médiatiquement, il génère un engouement jamais désavoué, et médicalement, il est plus souvent préconisé par les médecins, veilleurs de nos santés... !
Mais en dehors de la partie émergée de cet univers, et des thèmes récurrents qui reviennent fréquemment sur le devant de la scène populaire comme le dopage, par exemple, pour incarner le rapport entre le sport et la science, que sait-on de cet iceberg ? Quelles recherches sont menées par des scientifiques de différentes disciplines pour permettre d'atteindre de meilleures performances légalement, et depuis quand cherche t-on à analyser les records ? Qui a initié ce couple "science et sport" ? Qu’il s’agisse de la biologie humaine, de la physique, de la chimie du sport, ou de l’innovation technologique…, jusqu’où peut-on et doit-on aller sur ce terrain de la science ?
Que l'on soit athlète de haut niveau, s’entraînant comme un fou pendant 4 ans, plusieurs heures par jour, ou amoureux de la pratique sportive avec l'envie de dépasser ses limites du moment, un siècle de travaux scientifiques ont permis, aujourd'hui, d'offrir à chacun une préparation sportive à la carte... pour ne pas perdre sur la ligne, d’un battement de paupière !   "La science au service du sport", une histoire racontée, aujourd'hui, par nos deux invités,
  • Nunzio Lanotte, ingénieur, ancien pentathlète, fondateur en Italie d’Aplab (un bureau d’études d’ingénierie spécialisé dans les technologies appliquées au sport), il est aussi collaborateur régulier du Comité olympique italien. Il vient de faire paraître un livre très intéressant intitulé  Sportifs high tech  aux éditions Belin/Pour la Science.
  • Et Véronique Billat, professeur à l''université d'Evry, ancienne marathonienne et vice championne de cross country, directrice du « Laboratoire Inserm biologie intégrative des adaptations à l’exercice », auteur notamment du livre Physiologie et méthodologie de l’entraînement  dont la dernière version paraîtra en septembre."
L’archéologie aux jeux olympiques ? Emission "le salon noir" du 18 juillet
"Avec Jean-Paul Thuillier, Professeur à l’Ecole normale Supérieure, Ulm. Jean-Paul Thuillier est féru de sport et auteur d'une thèse sur le sport étrusque, il est désormais le spécialiste du sport antique. Élève de l'Ecole Normale Supérieure, agrégé des lettres et membre de l'Ecole Française de Rome (1972-1975), il est professeur et directeur du Département des sciences de l'Antiquité à l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm."
Sport de haut niveau : où finit le corps, où commence la machine ?. Emission "du grain à moudre" du 12 juillet
"A moins d’une énorme surprise, Oscar Pistorius ne reviendra pas des Jeux olympiques de Londres avec une médaille. Engagé dans l’épreuve d’athlétisme du relais 4 x 400 m,  le sprinteur sud-africain, aux performances plus qu’honnêtes sur la distance (sous les 46’’), sans toutefois tutoyer les sommets, devrait se contenter d’un rôle de figuration. Qu’importe : il aura l’occasion d’étancher sa soif de performances quelques jours plus tard, à Londres, toujours, cette fois lors des jeux Paralympiques.
Oscar Pistorius sera le grand favori du 100 m, du 200 m et du 400 : distances sur lesquelles il est le tenant du titre. Agé de 25 ans, Pistorius est un cas à part dans le monde du sport de haut niveau. Amputé des 2 jambes -suite à une malformation- quelques mois seulement après sa naissance, venu sur le tard à l’athlétisme (il a 17 ans), le jeune homme, équipé de prothèses en fibres de carbone, va très vite surclasser ses rivaux handicapés, et revendiquer le droit de courir avec les valides. Un droit qui lui sera longtemps refusé, pour concurrence déloyale, ses prothèses étant censées lui donner un avantage sur ses concurrents.
Ce n’est plus le cas désormais. Oscar Pistorius l’a appris il y a tout juste une semaine : à Londres, il pourra courir aux côtés des valides. Une présence aux JO passionnante à plus d’un titre : par sa portée symbolique pour les personnes handicapées ; mais aussi et surtout par les questions universelles que soulève cet athlète si particulier, involontairement chargé de redéfinir à lui seul les nouvelles frontières de l’humain. « Sport de haut niveau : où finit le corps, où commence la machine ? » C’est notre sujet du jour. Invité(s) :
  • Bernard Andrieu, professeur en épistémologie du corps et des pratiques corporelles à l'Université Nancy 1
  • Stéphane Proia, psychologue, clinicien et psychothérapeute 
  • Eric de Léséleuc, maître de conférences à l'Université Montpellier 1"
Décryptage de la passion du vélo. Emission "La grande table" du 11 juillet 
"Pourquoi le vélo suscite-t-il autant de passion ? Pourquoi produit-il autant de littérature ? A l'occasion de la parution aux Editions du Seuil d'Anquetil tout seul de Paul Fournel, et alors que le Tour de France attaque aujourd'hui la première étape de haute montagne, trois amoureux du vélo sont autour de la table pour tenter de répondre à cette grande question : pourquoi les grands sportifs inspirent-ils autant les écrivains ? Avec
  • Gérard Mordillat : "Si le vélo est l'instrument de travail du cycliste, c'est celui de l'écrivain voire du cinéaste : le vélo fait écrire et fait tourner. Paul Fournel, en s'identifiant à Anquetil, fait un exercice de voltige, de grimpeur et de cycliste. La page blanche de l'écriture, l'asphalte de la route ne font qu'un."
  • Sébastien Balibar : "Les grands héros du cyclisme sont des héros romanesques ! dans la manière de courir, de gagner ou de perdre, il y a tout ce qui fait les bons romans : ces héros, pour le physicien que je suis, défient les lois de la nature et même la mort au point de la toucher parfois : autant de tragédies qui font "la légende des cycles..."
  • Etienne Klein : "Je ne vois pas de correspondance directe entre vélo et littérature : le vélo est un prétexte à la littérature : toute course se termine par une belle page, un bel article, un beau livre. L'Equipe à l'époque, Albert Londres, Antoine Blondin (exemples à l'appui), les cyclistes eux-mêmes, font de la littérature."
En quoi le sport est–il le miroir de notre société ? dans "Les matins", émission du 11 juillet
avec :

  • Xavier de la Porte Producteur de l’émission Place de la toile sur France Culture
  • Isabelle Queval Philosophe. Maître de conférences à l'université Paris-Descartes et chercheur au Centre de recherche Sens, Ethique, Société

Le cycle "le sport au delà du jeu" dans Cultures Monde du 9 au 12 juillet.
  • 1/4 - Jeux olympiques, instrument diplomatique, avec Patrick Clastres (historien, spécialiste de l’histoire du sport et de l’olympisme envisagés sous l’angle du politique et du culturel), Alain Nass (spécialiste de la Corée et de l’Asie du Nord-est) et Jérôme Gygax (chercheur associé à la fondation Pierre du Bois (Genève) auteur de Olympisme et Guerre froide culturelle, le prix de la victoire américaine, Ed. L'Harmattan, 2012)
  • 2/4 - Economie des JO : l'argent plus fort que l'or ? avec Wladimir Andreff (professeur émérite en sciences économiques à l’université de Paris 1 Panthéon Sorbonne, membre du comité scientifique du think tank Sport et Citoyenneté, auteur de La mondialisation économique du sport, Editions De Boeck, mars 2012), Laurent Acharian (senior manager spécialiste du sport chez PWC, ancien journaliste à L'Equipe Magazine, co-auteur d'une étude sur les médailles olympiques) et Hervé Martin-Delpierre (journaliste, auteur du documentaire Sport, Mafia et Corruption, Arte, mai 2012)
  • 3/4 - La dictature de la performance, avec Robert Redeker (philosophe, auteur de L'Emprise sportive, Ed. Bourin, 2012), Audren (auteur d'Il était une fois dans l'Est, Ed. L'ecole des loisirs, 2011) et Moustapha Kessous (journaliste au Monde, auteur des 100 histoires des JO, PUF, 2012)
  • 4/4 - Naissance et reconnaissance : la vie d'un sport, avec Philippe Tetart (historien du sport, maitre de conférences à l’Université du Maine. Auteur de Histoire du sport en France », Vuibert, 2007), Georges Jeanneau (secrétaire général de l’Association européenne des collectionneurs et historiens de golf. Auteur de « Le golf et les Jeux olympiques », Atlantica éditions, 2003) et    Sandrine Rangeon, joueuse de « Roller Derby » à Denver (Colorado, USA) et en équipe de France
Roller Derby = match France-Canada aver Francey Pants aka Sandrine Rangeon

L'empire du sport. Emission "Répliques" du 7 juillet. 
Invité(s) : 
  • Robert Redeker, professeur agrégé de philosophie, spécialiste des penseurs allemands du XX° siècle, a publié plusieurs essais remarqués sur le sport, la technique et la religion
  • André Dussolier, comédien

Le football est-il soluble dans France Culture ? Cette interrogation est souvent revenue dans les commentaires qui ont accompagné la diffusion quotidienne de "Culture foot", chronique de Xavier de la Porte dans le journal de 12h30.  Pendant près de trois semaines nous avons tenté, avec le souci de rester fidèle à nos principes éditoriaux, de rendre compte de l’Euro 2012. D’une part parce que l’événement a occupé une place importante dans les sociétés européennes, d’autre part, parce qu’il pourrait bien nous en apprendre sur le moment où nous nous trouvons. Dans cet esprit, en point d’orgue à cette série de chroniques et pour prolonger le débat ouvert par nos auditeurs, Antoine Mercier propose de réfléchir de manière plus approfondie à la question du sport et de son traitement sur France Culture avec les deux meilleurs connaisseurs du sujet sur notre antenne : Xavier de la Porte et Alain Finkielkraut."
"L’échec sportif et médiatique de l'équipe de France de football. Les sales gosses ont encore frappé, peu inspirés sur le terrain et pas très polis dans les vestiaires mais les joueurs sont-ils seuls responsables de ce fiasco ? Les journalistes ont-ils pu et voulu enquêter convenablement sur la réalité de l'équipe de France ? Les médias ont-ils besoin de l'équipe de France pour vendre et donc de fabriquer des idoles ? Dérive uniquement française ? Questions posées à Dominique Sévérac, journaliste au service des sports du Parisien, Joachim Barbier (@joachimbarbier), journaliste à So Foot et Philippe Auclair (@PhilippeAuclair) correspondant de France Football et de RMC à Londres et consultant pour la BBC."

samedi 28 juillet 2012

Matchday Experience : la Red Bull Arena

A l'occasion du trophée des champions délocalisé à New York City, voici un billet relavant du cycle "american road trip". j'y parle un peu d'internationalisation de la LFP et de l'expérience stade à la Red Bull Arena. 


Le Trophée des Champions : outils d'internationalisation du spectacle de la L1

Après Montréal en 2009, Radès en 2010, Tanger en 2011, le Trophée des Champions est cette fois délocalisé à New York dans le but de promouvoir le football français à l'international. La LFP explique
"Depuis bientôt dix ans, la LFP mène un travail de fond pour mieux faire connaître la Ligue 1 à l’étranger. Dans une première phase (2004-2008), l’objectif a consisté à développer la couverture internationale en menant un travail important de commercialisation auprès de nouvelles chaînes. Ce long travail d’exposition a permis de positionner la Ligue 1 comme un championnat global, ayant l’ambition d’être diffusé partout.
Durant la période qui a suivi (2008-2012), la volonté de la LFP a été d’aller plus loin dans la couverture du Championnat de France. En effet, si l’on pouvait regarder le Championnat de France de quasiment partout dans le monde, les chaînes qui diffusaient la Ligue 1 n’étaient pas encore les chaînes majeures de chacun des marchés.
De 2008 à 2012, ce travail de développement a permis à la Ligue 1 de grandir aux côtés des plus grandes chaînes, qui sont des marques à elles seules : Fox Soccer (USA), ESPN (Amérique Latine), Al Jazeera Sports (Moyen-Orient), Supersports (Afrique du Sud), Canal+ Horizons (Afrique), J-Sports (Japon), ou encore Televisa Deportes (Mexique). (...)
Désormais, il s’agit pour la LFP et son nouveau partenaire à l’international, Al Jazeera Sports, de renforcer les bases posées durant la période précédente, et de développer les revenus afin de continuer à se rapprocher de ses grands concurrents (Angleterre, Espagne, Italie, Allemagne). "
Couverture du Trophée des Champions 2010
Répartition des revenus internationaux de la LFP (2008/2009)


Ainsi peut-on lire dans le rapport d'activité de la LFP 2010-2011
"Retransmis dans un nombre record de 77 pays, ce Trophée des Champions aura ainsi permis de véhiculer une superbe image du football français. Créé en 1995, le Trophée des Champions est devenu un événement moteur pour le développement international de la Ligue 1. La première expérience d’exportation à Montréal en 2009 a permis d’ouvrir une fenêtre sur le continent américain. Aujourd’hui la Ligue 1 est vendue au Canada à TLN et les droits sont partagés aux Etats-unis entre Fox Soccer Plus et Televisa Deportes Network. En 2010 et 2011, les choix de Tunis et Tanger ont permis à la LFP de poursuivre sa stratégie de développement en direction de l’Afrique et du monde arabe. En France même, le Trophée des Champions connaît d’année en année une médiatisation plus importante. une trentaine de journalistes français s’étaient déplacés à Tanger tandis que 70 journalistes marocains s’étaient accrédités pour l’événement. Retransmis en direct sur Canal+, le match a été suivi par 1,45 millions de téléspectateurs, soir un record d’audience pour le Trophée des Champions sur Canal+."
Faut-rappeler que les produits de la LFP (les championnats de L1 et L2, la finale de la Coupe de la Ligue et le Trophée des champions) sont en concurrence internationale avec les offres des championnats voisins? Inutile de revenir sur le succès de part le monde de l'English Premier League : chaque club y touche plus de 18 millions de livres (23,7 millions d'euros) de droits TV internationaux.

Matchday Experience : NYC Red Bul vs. NE Revolution




La Red Bull Arena est en fait dans le New Jersey, non loin de Newark. Quand on voit NYC du New Jersey, on se prend pour Tony Soprano
Découverte du stade en arrivant en train

Descente à Newark Penn Station...

... et on continue à pieds

Aux abords du stade

Dans le stade

le "Kop" des supp' locaux

sièges à dossiers mais travées peu circulantes

Dès avril, le stade faisait la pub pour le trophée des champions

Hymne national

Peu de temps après avoir ouvert le score, Thierry Henry sort sur blessure

à la mi-temps, les boutiques et le catering tournent à fond

et on peu boire de la bière dans le stade !


Pour aller plus loin sur le sujet, vous pouvez relire le billet intitulé "Welcome Home". 


Bonus

En 2011, pour l'International Journal of Sports Marketing & Sponsorship, j'avais interviewé Stéphane Dor, le Directeur marketing et commercial de la LFP. L'entretien est paru en anglais dans le numéro de janvier 2011 de l'IJSMS. J'en reproduis ici un extrait en français :

"Et au niveau international, la stratégie est différente ? 
Le développement international est désormais identifié comme un objectif prioritaire pour le développement économique du football français, en tant que relais majeur de croissance. Le football français ne peut plus faire l'économie de cette "exportation", sous peine de prendre un retard définitif sur ses voisins européens. Les ventes de la Ligue 1 à l'international ont doublé pour atteindre 20M€ en 2009/2010. En termes d’exposition, la Ligue 1 est aujourd’hui accessible en direct à plus de 200 millions de foyers TV dans plus de 150 pays dans le monde. Le nombre total de diffuseurs est aujourd'hui de 79, et les programmes diffusés sont traduits en 48 langues de part le monde. 

Existent-ils des marchés plus particulièrement ciblés ? 
Nos cinq contrats audiovisuels les plus importants se repartissent sur quatre régions différentes. L’Europe pèse pour 36% de nos revenus à l’international, l’Afrique, pour 33%, le Monde Arabe pour 19% et les Amériques pour 4%. Si l’Europe est notre marché privilégié, il existe une réelle difficulté à être présent chez nos voisins…et concurrents directs (Angleterre, Espagne, Italie et Allemagne). L'attractivité de la Ligue 1 pour les diffuseurs internationaux passe d'abord par de bonnes performances des clubs français en Ligue des Champions ou en Europa League, et la présence de joueurs locaux dans les effectifs des clubs. Mais la présence de clubs français sur les différents continents lors de tournées d’été ou de matchs amicaux constituent aussi un accompagnement nécessaire pour accélérer notre progression hors de nos frontières. 

De quelle façon ? 
Un exemple : depuis 1995, la LFP organise le Trophée des Champions, match officiel qui ouvre la saison de football en France, qui oppose le champion de Ligue 1 au vainqueur de la Coupe de France. Nous avons identifié que son format est idéal pour promouvoir le football français à l'étranger : un match officiel entre deux clubs légitimes à un moment adapté du calendrier (fin juillet). La volonté d’aller vers de nouveaux marchés et la proximité francophone avec le Québec nous ont incités à organiser l’édition 2009 à Montréal. Cette destination a constitué une porte d’entrée vers le continent nord-américain d’autant que l'Impact de Montréal, Champion du Canada en 2008, champion de l'USL en 2009, est postulant à la MLS dans les prochaines années. Le match s’est donc déroulé au Stade Olympique de Montréal et a réalisé le record d’affluence pour cette compétition avec près de 35.000 spectateurs. C’est une expérience que nous souhaitons renouveler. Avec la Coupe du Monde en Juin 2010 qui alourdit le calendrier, le déplacement sera cette année plus court : le match, PSG-OM, se disputera en Tunisie le 28 juillet prochain, ce qui nous fournit l’occasion d’assurer notre promotion en Afrique et dans le monde arabe."

mercredi 25 juillet 2012

Sport en Séries : Twenty Twelve

Voici venu le troisième épisode de la série de billets qui ravit les sériephiles. Après avoir chroniqué Eastbound & Down et The League, afin de coller à l'actualité, je vais vous inciter à découvrir Twenty Twelve


Un mockumentary anglais qui parle des JO

Twenty Twelve est une comédie anglaise de 13 épisodes de 30 minutes. Produite par Jon Plowman, elle a été primée en 2011 à la British Comedy Awards 2011 (meilleure sitcom). La première saison a été diffusée en 2011 sur la BBCfour. La seconde saison s'est achevée hier soir sur la BBCtwo. Le téléspectateur est immergé dans l'organisation des JO en suivant l'équipe de l'Olympic Deliverance Commission (ODC), la structure fictionnelle en charge du lancement des JO. Il s'agit en fait d'une parodie de l'Olympic Delivery Authority. Dès le premier épisode, la voix off - assurée par David Tennant -  fixe les enjeux :
"This is the London 2012 engine room. Whilst others up on deck may be in the public eye,  these are the men and women whose responsibility it is to deliver London's Olympic Games on time and on budget." 
La responsabilité est énorme. Inutile de préciser que le ressort comique de la série repose sur l'incompétence du staff à assumer l'organisation d'un événement mondial. Pour présenter la série, je reprends ici la chronique de Pierre Sérisier sur l'indispensable Monde des séries

"Londres se prépare à recevoir les Jeux olympiques en 2012. Cet événement sportif d'ampleur mondiale ne pouvait manquer de fournir quelques raisons de rire face à l'immensité des préparatifs requis par l'événement. Twenty Twelve est un mockumentary de la BBC en six épisodes, imaginé par John Morton, qui s'attaque au travail de ces employés de l'ombre chargés que tout se déroule sans accroc lorsque le grand barnum ouvrira ses portes le 27 juillet de l'année prochaine.

La série suit les employés de l'Olympic Delivrance Commission (avec un jeu sur le mot 'delivrance' qui signifie libération et renvoie au verbe to deliver qui inclut une notion d'accomplissement). Cette cellule de réflexion et d'intervention est chargée de certains préparatifs et a pour tâche d'anticiper et de régler les problèmes qui pourraient surgir à l'occasion d'une manifestation de cette importance.

Il s'agit d'une critique caustique de l'incompétence du middle-management et de son incapacité à évaluer l'ampleur des enjeux, à prendre des décisions de son ressort et à avoir un regard pertinent sur son activité. Ainsi, la question de la circulation automobile cauchemardesque à Londres, le lancement du site internet dédié à 2012 ou encore l'engagement d'un artiste dont une oeuvre doit mobiliser l'attention du public sont autant d'occasions de moquerie." (mars 2011)

Trailer


Apprenez à organiser un événement en regardant la télé


J'ai de plus en plus d'étudiants qui se destinent aux métiers de l'événementiel. Je ne compte plus les copies, les mémoires, les rapports de stage et les dossiers où l'on trouve une citation d'"Organiser un événement sportif" par Desbordes et Falgoux.
En complément de cette lecture, les étudiants pourront regarder cette série (qui pourrait faire l'objet de TD!). Tellement de facettes de l'évenementiel y sont abordées : organiser le lancement du compte à rebours des J-1000, accueillir la délégation brésilienne, réfléchir au devenir du Stade Olympique ou de la salle de Tae Kwon Do, assurer la comm', les relations publiques sans oublier de sensibiliser la population locale à l'événement, organiser les Cultural Olympiad, faire des jeux citoyens, durables et éco-responsables...



C'est la force de la série que de traiter des 1000 petits problèmes qui se posent aux organisateurs. Le réalisme voulu par le format mockumentary est appuyé par les référence nombreuses à Sebastian Coe (qui y joue son propre rôle) ou encore Boris Johnson. On redécouvre Londres (ses embouteillages) et plus particulièrement l'Olympic Park et l'O2Arena. S'il n'est pas nécessaire d'être un spécialiste du management du sport pour apprécier la série, quelques échanges ont une saveur différente lorsqu'on en maitrise les enjeux. Sinon, aucun doute, nous sommes bien dans l'univers de l'événementiel sportif : les membres de l'équipe passent leur temps au téléphone, textotent et recourent sans arrêt au verbiage.
Le personnage de Siobhan Sharpe est particulièrement intéressant. Elle bosse à l'agence Perfect Curve et est en charge du market' et de la comm' de l'événement. Elle brille non seulement par sa méconnaissance totale des dossiers mais aussi de son métier. Elle parvient tout juste à masquer sa vacuité par une sur-activité qui demeure de l'agitation. En bref, elle brasse de l'air et jargonne. Dans son agence, elle bosse avec son équipe dans un ideas space. Sa creative Team est composée d'un Information Architect, d'un Trend Analyst et d'un Viral Concept Designer. Voyez l'genre? Dans un épisode de la seconde saison, la voix off dit d'elle :


"it's time for Siobhan to step in and use her PR skills to finesse the media impact of the planting ceremony itself.
In her world, whether she knows it or not, it's all about the power of the image, and the power of this image is fast becoming almost literally symbolic." 
épisode 6 de la second saison


Siobhan Sharpe parle ici stratégie digitale


Vous le verrez, Ian Fletcher fait de son mieux pour remédier aux aléas. Il subit l'incompétence et l'inconstance de son équipe. On peut voir dans cette série, et c'est le comble pour un comité d'organisation, une critique du silo management. Personne ne semble vouloir aller au delà de sa responsabilité ou de son domaine de compétence. Voyez par exemple cet échange entre le journaliste et Kay Hope (Head of Sustainability) qui se refuse à faire le lien entre développement durable et héritage. 
"- From a sustainability point of view, the Olympics isn't really about sport at all. This whole thing starts when the sport ends.
- Presumably sustainability is very closely connected to legacy.
- Beg your pardon? It is not. They are not the same. They are not. Sustainability is about using the Games as a catalyst for change. It's about improving life in the East End of London and encouraging new ways of life across the whole of the UK that take into account not just our debt to the past, but also to the future.
- Right.
- Whereas legacy is totally different. "
  épisode 1 de la première saison

Pour aller plus loin

  • La malédiction de la countdown clock : dans le premier épisode, l'inauguration de l'horloge assurant le décompte des J-1000 est un fiasco. Dans la vraie vie, celle inaugurée à Trafalgar Square par Boris Johnson et Seb Coe est aussi tombée en panne. Je crois qu'il en a été de même pour celle des Jeux Equestres Mondiaux inaugurée par David Douillet.
  • Sur la page de la BBC il y a des choses intéressantes mais impossible d'accéder aux vidéos. 
  • David Tennant est le narrateur de la série. Sur cette page, des MP3 de ses interventions lors de la première saison et sur celle-ci des fichiers audio de la seconde saison
  • Je ne l'ai pas vue, mais en 1998 puis en 2000, une série du même format est diffusée en Australie sur la chaine ABC TV ; ça s'appelle The Games. Les 13 épisodes font la satire du  Sydney Organising Committee for the Olympic Games (SOCOG). 
  • Pour suivre Siobhan Sharpe : @perfect_siobhan
  • Sur le Monde.fr, "Paul Deighton, médaille d'or", un portrait du directeur général du London Organising Committe of the Olympic Games (Locog).  

vendredi 20 juillet 2012

Zlatan n'est pas assez payé

Dans la foulée de la signature de Zlatan, nombreux ont été les réfractaires aux montants engagés exprimant une position allant de la gêne à la dénonciation. Dans la sphère politique, Roselyne bachelot a fait part de son indignation et de son dégoût : 
"Cela suscite chez moi de l'indignation et presque du dégoût que de voir ces salaires incroyables alors que dans nos petits clubs de football, on se bat comme des chiens pour arriver à faire vivre ces clubs, ces 2 millions de gosses qui jouent au pied des barres d'immeuble et dans les petits bourgs ruraux. Ça suscite chez moi de l'inquiétude."
De son côté, Valérie Fourneyron (Ministre des Sports) considère le salaire de l'attaquant suédois comme
"astronomique et déraisonnable, à l'image de ce qu'on peut déplorer dans le football"
Jérôme Cahuzac (Ministre du budget) reste sur un classique, celui de l'indécence : 
"On parle de 15 millions d'euros net d'impôts. Ils sont indécents à un moment où dans le monde entier chacun doit faire des efforts, connaît les conséquences terribles d'une crise que d'ailleurs la financiarisation du monde de l'économie avait provoquée. Cette même financiarisation semble s'emparer de plus en plus chaque mois ou chaque année du football"

France Inter y va alors de son émission "le téléphone sonne" consacrée à l'argent fou du foot 

Exemple de réaction sur le site de France Inter lors de l'émission du "téléphone sonne", ma pov' dame, on nous cache tout on nous dit rien, tout ça c'est magouille et compagnie
Notez qu'il y a là pas grand chose de nouveau. Les salaires des sportifs et des footballeurs en particulier ont toujours suscité de vives réactions. A tel point qu'en mars dernier (bien avant l'épisode "Zlatan" donc), Frédéric Thiriez - Président de la LFP - y était allé de sa tribune dans le Figaro. Extraits : 
"Oui, les footballeurs de notre championnat sont « sous-payés » par rapport à nos concurrents européens. Le salaire moyen en Premier League anglaise est deux fois et demie supérieur à ce qu'il est en France ; en Italie et en Espagne, deux fois supérieur. Et pourtant nous nous battons contre eux en coupes d'Europe. Pour autant que le mot ait un sens dans une économie de marché, non, nos footballeurs ne sont pas troppayés ! Et ce sont, au demeurant, d'excellents contribuables : ils rapportent à l'État chaque année 320 millions d'euros d'impôt sur le revenu. Il faut dire que les joueurs de nos clubs sont, eux, astreints à résider en France toute l'année, près de leur club, et ne peuvent donc pas se domicilier fiscalement en Suisse, comme les tennismen...
Loin de moi l'idée de railler les réactions émotives mais à déplorer et dénoncer les salaires des joueurs on se prive d'une réflexion sur les fondements et conséquences économiques de la rémunération des superstars. Ce type d'analyse émergeait parfois dans le bruit médiatique. Il me semble intéressant de le mettre en valeur parce qu'elles dépassent les idées reçues. J'invite le lecteur à écouter par exemple l'édition de 13h00 du journal d'Inter du 18 juillet. L'économiste du sport Wladimir Andreff y dit des choses intelligentes. Voyez aussi l'entretien de Vincent Chaudel pour l'Equipe. Il explique : 
"Le PSG entre aussi dans une stratégie globale de rayonnement du Qatar. Pour autant, les 250 millions d'euros investis dans le rachat et les transferts ne le seront pas forcément à perte. Même s'il y a des freins à l'accroissement des revenus, comme la taille du Parc des Princes, l'équation reste rationnelle. D'un côté, le PSG doit dépenser vite et beaucoup pour entrer dans la cour des grands clubs européens. De l'autre, il se constitue un beau capital joueurs tout en améliorant ses performances. (...) Il paie aujourd'hui son ticket d'entrée dans le Gotha européen mais n'aura plus besoin demain de dépenser autant. A condition bien sûr de se qualifier tous les ans pour la Ligue des champions. C'est la clé."
Bastien Drut, l'auteur de l'excellent "économie du football professionnel", dit des choses pertinentes dans une interview pour Atlantico et dans un billet intitulé "Le PSG, Silva et Ibrahimovic : des transferts à prix d'or, mais qui rapportent".

Anthony Davière, pour 20minutes, a sollicité mon point de vue. Pour aller plus loin, je reviens ici sur quelques idées sans pour autant verser dans la démonstration professorale et théorique.


Pourquoi le salaire d'Ibrahimovic est-il si élevé?

Un club de football évolue dans un environnement incertain caractérisé par une forte concurrence économique et sportive. La capacité d'un club à dégager un chiffre d'affaires dépend en grande partie de son classement soumis par nature à la glorieuse incertitude du sport. Pour atténuer ce risque, il faut recruter du talent. Parce qu'il est une superstar (un attaquant international ayant évolué dans les plus grands clubs) doté d'un savoir-faire rare, Zlatan opère sur le secteur primaire du marché du travail sportif caractérisé par des salaires élevés. C'est un employé hautement qualifié qui négocie sa rareté dans une configuration à son avantage, c'est à dire un monopole contrarié (un seul joueur pour quelques clubs "en mesure de se l'offrir"). La performance sportive d'un club est indexée sur sa puissance financière et plus particulièrement à sa masse salariale. Les économistes du sport Kuper et Szymanski écrivent dans soccernomics : 
"In short, the more you pay your players in wages, the higher you will finish. " (p.48)
Pour s'assurer la parfaite implication de Zlatan et l'inciter à être "performant et productif", le PSG lui octroie un salaire d'efficience, c'est à dire plus élevé de ce à quoi il pourrait prétendre dans un autre club. 
Budget et classement en L1, saison 2010-2012 (source: DNCG)

Pourquoi ce salaire choque t-il? 

  1. Le football reste un sport et, y compris dans sa dimension professionnelle, cela est envisagé comme un jeu. Puisqu'il s'agit d'une activité ludique (on joue au foot), on a vite fait de s'affoler de la rémunération d'un mec en short qu'on considère tout juste bon à pousser la balle. 
  2. Cela pose aussi la question du mérite et de l'utilité sociale. D'un côté on vous dira que les joueurs fournissent "du rêve", génèrent de la fierté locale, de l'identification, de l'exemplarité, du plaisir, du bonheur... et que cela n'a pas de prix. D'un autre, on vous dira que les médecins sauvent des vies, que les enseignants transfèrent du savoir et que le smicard trime dans un emploi précaire et pénible... Pour trancher ce débat il faut se mettre sur le terrain de l'éthique, de la morale et de la politique ou bien au comptoir du troquet du coin. 
  3. Le footballeur traîne la sale réputation d'un débile léger qui parvient tout juste à aligner sujet-verbe-complément. Il est bon de lui taper dessus, de le taxer de parvenu voir de "mercenaires scandaleusement payés". Pour aller plus loin sur cela, je vous invite à redécouvrir le travail de Stéphane Beaud

Quelques questions à se poser

A mon sens, pour aller au delà du bien et du mal et dépasser la réaction émotive, on peut se poser quelques questions stimulantes: 

  1. Les joueurs sont-ils rémunérés avec de l'argent public? Notez que l'octroie de subventions est largement encadré et plafonné par la loi (2,3 millions dʼeuros pour des missions dʼintérêt général). En théorie, une subvention ne peut servir à rémunérer un joueur. En revanche, si un club est en mesure de verser des salaires qui choquent, les collectivités devraient être moins souples sur les modalités de soutien indirect (conditions de mise à disposition d'un stade par exemple). 
  2. Le club achète t-il du succès à crédit? Il existe deux grands types de modèles économiques dans le football professionnel. Dans le premier, le chiffre d'affaires composé des droits TV, du merchandising et de la billetterie couvre difficilement les charges et les clubs vendent des joueurs pour parvenir à l'équilibre. Dans le second modèle, "un mécène"investit à fonds perdus. Plus largement, cela pose la question de l'achat à crédit du succès sportif et donc de l'équité des compétitions (voir le fair play financier). Il faut aussi demander ce qui se passe lorsque le mécène décide d'arrêter de mettre la main à la poche.
  3. Que rapporte Zlatan au club? Le transfert de Zlatan a été envisagé par le prisme de ce qu'il coûte au club et non de ce qu'il lui rapporte. Nous pouvons formuler l'hypothèse audacieuse que les joueurs les plus payés au monde ne le sont pas assez au regard de leur productivité. Les superstars comme Messi, Ronaldo et Zlatan ont une triple influence sur leur club qu'il est difficile d'évaluer : la première est sportive (leur contribution à la performance sportive), la deuxième est commerciale (le fameux maillot floqué, les affluences accrues, les téléspectateurs gagnés...), la troisième est marketing (le transfert d'image et de réputation entre Zlatan et le PSG qui aide le club parisien à gagner une notoriété globale). Ne peut-on dire par exemple que Gignac coûte plus à l'OM que Zlatan au PSG (sous réserve qu'il répercute à Paris ses performances passées). 
Compte de résultat du PSG en 2010-2011 (source DNCG)

Pour aller plus loin : 

lundi 16 juillet 2012

Cahiers de vacances : marketing du sport

Quelques étudiants studieux m'ont demandé une liste d'ouvrages à parcourir cet été pour préparer au mieux la rentrée prochaine. Le management du sport est un champ d'investigation scientifique encore jeune mais fertile. Gary Tribou, professeur de marketing du sport à Strasbourg, remarque dans un éditorial intitulé "un état de la recherche en management du sport": 
"À la suite d’un premier colloque qui s’était déjà déroulé à Strasbourg en 1987 et la parution de l’ouvrage fondateur Sport & management en 1993 (éd. Loret, Dunod), la recherche en management du sport s’est, en effet, considérablement développée : d’autres ouvrages, une revue spécialisée (la Revue européenne en management du sport), des thèses, des publications dans des revues de niveau international ont contribué à conforter sa légitimité scientifique. Par ailleurs, elle a constitué un adossement indispensable au développement de nos offres de formation et de nos diplômes."
En annexe de cet éditorial paru dans le n°32 de la Revue européenne de management du sport, Gary Tribou propose une liste des ouvrages qui ont marqué le management du sport. Vous trouverez sur ce lien l'éditorial en question (format pdf). 

Une liste d'ouvrages majeurs en management du sport et en langue française

Je circonscris ici ma proposition à quatre ouvrages récents, en français, et dédiés au marketing du sport. Ils ont en commun d'être parus dans l'excellente collection "Management & Sport" de De Boeck. Il ne s'agit pas ici d'un travail de recension. Les auteurs de ces livres ont leur réputation académique : c'est un gage de sérieux pour les étudiants soucieux de parfaire leurs connaissances. Voyez dans le descriptif de l'éditeur si le contenu répond à vos besoins. 
  1. Le Marketing olympique. Co-création de valeur entre acteurs (2012) par Alain Ferrand, Jean-Loup Chappelet et Benoît Séguin
  2. Néo-marketing du sport. Regards croisés entre Europe et Amérique du Nord (2011) sous la direction de Michel Desbordes et André Richelieu.  Dans celui-ci, j'ai rédigé le chapitre 7 "be ready to be excited - stratégie marketing et modèle économique de la WWE", j'en parle ici
  3. Marketing des organisations sportives. Construire et gérer les réseaux et les relations (2009) par Alain Ferrand, Scott McCarthy, Thierry Zintz. 
  4. Marques de sport. Approches marketing et stratégiques (2009) par Patrick Bouchet et Dieter Hillairet 


oui je sais, je n'ai pas encore acheté "le marketing olympique"... 

J'ai déjà rédigé sur ce blog une notice bibliographique dédiée au catch. Que le lecteur qui n'est passionné ni de marketing ni de la WWE se rassure, je vais prolonger ce travail de recommandation en ouvrant vers l'économie du sport, les ouvrages en langue anglaise et aussi les revues universitaires spécialisées. Je vous invite enfin à parcourir le blog de mon camarade Ludovic Lestrelin (invitation à la sociologie du sport) qui distille aussi ses conseils bibliographiques. 

samedi 7 juillet 2012

l'instant nostalgie : les Charlotte Hornets

Il existe déjà deux séries de billets récurrents sur ce blog : l'une consacrée à la cartographie (l'encarté), l'autre qui parle de séries TV (sport en séries). En voici une troisième : l'instant Nostalgie consiste simplement à mettre en valeur un objet qui présente les caractéristiques suivantes : 
  • je ne l'utilise plus ou sinon rarement, de fait, il sommeille dans un placard ou au fond d'un carton
  • je l'ai acquis avant l'an 2000 (le charme désuet des années 90 et 80...)
  • bien entendu, cet objet n'est pas sans lien avec le sport
  • il témoigne d'un engouement sincère que j'ai pu avoir pour un sport, un événement, une équipe, un joueur etc.
Pour la première de cette série, je colle un peu à l'actualité de la NBA avec la draft 2012 qui s'est déroulée le 28 juin dernier (name droping : j'en parle un peu dans 20 minutes, la draft NBA pour les nuls). Titulaires du premier choix, les Hornets de la Nouvelles Orléans ont choisi Anthony Davis, suivis des Bobcats de Charlotte qui ont drafté Michael Kidd-Gilchrist. Mixons les deux équipes et nous obtenons les Charlotte Hornets. Cette franchise a réellement existé. Elle est née d'une stratégie d'expansion de la NBA en 1988, en même temps que les Miami Heats. Pendant 14 ans, l'équipe jouera en Caroline du Nord avant d'être délocalisée en Louisiane. 

Je me souviens que si l'équipe n'était pas très compétitive, elle bénéficiait d'un fort capital sympathie des fans grâce à ses joueurs et son logo. Ceux qui sont nés avant 1980 se souviennent surement de Larry Johnson, Rex Chapman (tous deux ont participé à un Slam Dunk Constest), Alonzo Mourning, Muggsy Bogues (1m60) connu pour avoir été le plus petit joueurs à avoir évolué en NBA. 




Voici donc l'objet-nostalgie. Je ne me souviens plus précisément de l'année (1991, 92, 93?) mais le Père Noël m'a offert une veste Starter des Charlotte Hornets. J'étais le seigneur de cour de récré au collège avec ça sur le dos ! Mes camarades en manque d'originalité portaient eux des vestes des bulls de Jordan ou les Lakers de Magic. J'avais même la casquette Starter assortie mais je l'ai malheureusement égarée. 





Photos filtrées par Instagram (Hefe)


Je n'ai pas retrouvé exactement le même modèle sur Ebay, mais voyez que les Jacket des Hornets sont bien cotées !