jeudi 24 avril 2014

The Secret Footballer Tome 2. Entretien avec Bertrand Pirel

Aujourd'hui sort le très attendu Tome2 du Secret Footballer (chez Hugo & cie). Bertrand Pirel, éditeur chez Hugo Sport a traduit le tome 1 et a révisé le tome 2. Invité de la conférence Ecrire le Sport #1 en mars dernier, Bertrand expliquait déjà : "Secret Footballer c'est vraiment une déclaration d'amour au football et aux footballeurs, et à la difficulté qui va de pair avec le fait d'être un footballeur professionnel."
Comment l'éditeur s'empare-t-il d'un tel ouvrage? Bertrand a répondu à nos questions :




Bertrand, avant de parler du tome 2 du SF, comment a marché le Tome 1? 
Extraordinairement bien : le tome 1, Dans la peau d’un joueur de Premier League, est la 5ème meilleure vente de livres de sport en France en 2013, ex-aequo avec le Racaille Football Club de mon camarade Daniel Riolo. Pour tout te dire, je ne m’attendais vraiment pas à un tel succès. Un joueur anonyme et anglais, qui par définition ne serait pas présent pour parler de son livre… Ce n’était pas gagné ! L’objectif, c’était de faire passer un double message : le football et le métier de footballeur, ce n’est pas si simple que ce que l’on croit. Et il y a des mecs bien parmi les footballeurs. Des mecs cultivés, lucides, intelligents. Tu en connais, j’en connais, et The Secret Footballer en est un. Et pas seulement pour passer des vacances délirantes à Ibiza, Vegas ou Marbella ! Visiblement, le message a porté et convaincu. Et notamment dans le milieu du football lui-même, ce qui pour moi a été la plus belle des reconnaissances. 

Comment Hugo&Cie a-t-il obtenu les droits? 
Au moment de la sortie du tome 1 en Angleterre, cela n’a pas été très difficile : à ma connaissance, nous avons été les premiers à solliciter The Guardian, le quotidien anglais qui publiait les chroniques du Secret Footballer et qui est également l’éditeur du tome 1. J’étais un lecteur assidu des chroniques et j’étais à Londres pour les J.O. quand le Guardian a annoncé la parution du livre en Angleterre. Le soir même, je suggérais à Hugo d’acheter les droits. Et le lendemain ou le surlendemain, l’affaire était conclue. Après, il a fallu le traduire, ce qui a été à la fois un bonheur et un sacerdoce. Un travail d’ermite, mais un ermite heureux. 
Pour le tome 2, le contexte n’était plus le même : le succès du premier avait appâté plusieurs de nos concurrents. Nous n’étions donc plus seuls et les droits ont été mis aux enchères. Mais je crois que nous avons bénéficié d’une petite faveur de la part du Secret Footballer et de son éditeur, pour services rendus en quelque sorte et parce que nous avions bien travaillé pour le tome 1. Il a compris qu’il était ici chez lui.

Tu as traduit le premier volume et tu as supervisé la traduction du second, à quoi faut-il faire attention dans cet exercice? 
Evidemment à ne pas faire de contresens, c’est la base. Mais surtout, le plus important, c’est de respecter le style, la voix, le souffle de l’auteur, surtout quand ils sont aussi singuliers que dans ces deux livres. Tu peux t’écarter un peu du texte, parce que l’exercice de traduction t’y oblige ; mais tu n’as pas le droit de t’écarter de cette petite voix qui te guide et qui est celle de l’auteur. Tu vas me dire que si j’entends des voix, il y a du souci à se faire. Mais c’est exactement ça : pendant le mois ou le mois et demi que dure la traduction, cette voix ne te quitte pas. Tu penses comme lui. Tu te lèves, tu te mets devant ton ordi, tu deviens le Secret Footballer. C’est comme si tu passais toi-même un mois dans sa peau. Et c’est aussi ce qui fait le charme, la magie de cet exercice. C’est pour cela que j’ai réécrit le tome 2 : il fallait que la voix soit la même, que l’on retrouve son humour, sa lucidité, sa capacité à émouvoir et cette incroyable faculté d’autodérision. 


Les chroniques du SF sont prisées en France, j'entends que ce n'est pas un ouvrage confidentiel. Cela laisse présager un engouement d'une toute autre envergure en Angleterre. Peux-tu nous éclairer sur ce phénomène? 
En Angleterre, The Secret Footballer est un véritable phénomène de société, pour plusieurs raisons. D’abord en raison de ce que le livre révèle sur les coulisses des clubs : joueurs, agents, transferts, entraîneurs et managers, présidents, troisièmes mi-temps et secrets de vestiaires… Ensuite, pour le miroir impitoyable et fascinant que le livre tend au public et aux supporters. Pour la première fois, on passe en quelque sorte de l’autre côté du miroir : ce n’est plus le public qui regarde les joueurs, c’est un joueur qui observe le public. Et le constat est parfois violent. Enfin, parce que The Secret Footballer est un véritable condensé de culture, et de pop culture, anglaise ou britannique. Dans quel autre livre verras-tu James Joyce, Joy Division et Robbie Keane côte à côte dans l’index ?
A ces raisons, qui relèvent du contenu du livre, il faut évidemment ajouter la recherche de l’identité de l’auteur, qui a tenu en haleine tous les Sherlock Holmes du Royaume. Il y a même un site dédié à l’enquête : whoisthesecretfootballer.co.uk. Je pense que la quasi-totalité des footballeurs de Premier League ont été suspectés un jour ou l’autre, de Barton à Lampard… Et l’enquête est loin, très loin d’être close, contrairement à ce que croient certains. The Secret Footballer est à la fois beaucoup trop malin et beaucoup trop espiègle pour cela.

Le Tome 2 sort aujourd'hui. En quoi se distingue-t-il du tome 1, ou le prolonge-t-il?
Cette fois, il n’est pas seul ! Il passe le relais et la parole à d’anciens coéquipiers, ou d’anciens adversaires, qui nous racontent des anecdotes jamais lues ailleurs. Comme il l’écrit lui-même, « les unes sont drôles, d’autres sont extrêmement tristes ; selon l’image que vous vous faites du football, vous rirez peut-être aux histoires tristes et pleurerez en lisant les plus amusantes. » Du coup, l’enquête prend des proportions encore plus extravagantes : maintenant, ce n’est plus seulement The Secret Footballer que l’on recherche, mais tous les protagonistes impliqués dans les histoires qu’il raconte, comme cette orgie sur un yacht ou ce manager qui entraîne ses joueurs à tirer des corners et à les réceptionner avec un paperboard et une assiette de tartines… 
Dans la deuxième partie du livre, The Secret Footballer s’interroge sur sa reconversion : le Moyen-Orient ? L’Ecosse ? Agent ? Entraîneur ? Directeur sportif ? C’est évidemment l’occasion d’une relecture savoureuse et très personnelle de la géopolitique et du futur du football… 

Il y aura un tome 3? 
Je n’en ai pas la moindre idée. Mais j’espère, et là c’est au moins autant le lecteur qui te parle que l’éditeur et le traducteur ! 


TSF, le livre sur Armstrong (à relire, l'entretien avec Reed Albergotti), c'est une belle année pour Hugo Sport ! Que nous prépares-tu d'autre? 
Un événement colossal pour octobre… Il est encore un tout petit peu trop tôt pour en parler. Mais tu vas adorer ! Pour le reste, essayons de creuser le sillon et de raconter le sport tel qu’il se pratique, tel qu’il se vit, avec un prisme large, à la fois humain, économique et sociétal. Et avec une vraie politique d’auteurs. Comme j’ai eu l’occasion d’en parler à l’occasion du débat Ecrire le sport, dont je remercie encore les organisateurs, il y a beaucoup, beaucoup à faire en France en matière de littérature sportive. J’envie la vitalité et l’audace des Anglais dans ce registre. Mais tant mieux, c’est un splendide défi pour nous tous, chez Hugo et ailleurs ! 

Mais sinon, pour qu'il touche ses droits d'auteur, tu dois le connaître, le SF, non?
Je vais te décevoir, mais non. Les droits sont versés directement à son éditeur anglais, qui les lui redistribue. Lorsque je l’ai interviewé à la sortie du tome 1 sur ses liens avec le football français, je suis également passé par le Guardian. Et puis comme je le dis chaque fois, je préfère ne pas savoir. Tu connais ce passage de Batman 3 où l’on demande à Bruce Wayne : « Pourquoi le masque ? » Et Bruce Wayne répond : « L’idée, c’était de devenir un symbole. Batman, ça pouvait être n’importe qui.» Voilà, c’est pareil. The Secret Footballer, c’est un symbole. Une forme d’universalité du football et de la générosité du football.


Vous pouvez suivre Bertrand sur son compte Twitter (@BertrandPirel) et son compte instagram (@skelligislands) et rester au fait de l'actualité d'Hugo & Cie sur le site hugoetcie.fr

Bertrand a participé à la première édition de la conférence écrire le sport. Retrouvez le à partie de 1h23 : 

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