La marche de l'histoire, animée par Jean Lebrun sur France Inter, a consacré
une émission au RC Lens. L'invitée était Marion Fontaine, maître de conférences en Histoire contemporaine à l’université d’Avignon. En 2006, elle a soutenu une thèse intitulée Les Gueules Noires et leur club. Sport, sociabilités et politique à Lens les Mines (1934-1956). Adapté de ce travail de recherche, le livre
Le Racing club de Lens et les "Gueules Noires" Essai d'histoire sociale est paru aux éditions Les Indes Savantes.
"C’est un vieux club cher à beaucoup de Français, recru de triomphes mais aussi d’épreuves. Cet été, ses supporters, réputés former « le meilleur public « du pays ont craint la descente en Ligue 2 - non pas à cause de mauvais résultats sportifs mais faute de garanties financières. Déjà, dans les années 60, les Sang et Or, à l’époque professionnels depuis trente ans, s’étaient retrouvés relégués chez les amateurs puis ils avaient remonté la pente et remporté le championnat en 1998. Moment sans pareil…
Par le prisme de ce club, on pourrait retrouver bien des évolutions de l’histoire du foot jusqu’à sa période présente, celle du business internationalisé : le RC Lens est tombé en 2013 entre les mains d’un oligarque de Bakou- Azerbaïdjan, qui voudrait imiter la politique qatari mais n’en a pas les moyens. Son budget, s’il parvenait à tenir ses promesses, serait encore plus de dix fois inférieur à celui du PSG…Certains supporters en sont à quémander le soutien de la chanteuse américaine Rihanna, passionnée de foot, paraît-il, pour remplir les caisses.
Rihanna au pays de Bachelet… Pourtant, le RC Lens est contraint d’entretenir toujours des relations simulées avec son passé. Il est devenu une marque mais il faut qu’il apparaisse encore comme une communauté. Il n’est plus le club des mineurs mais la légende court encore que le rouge de ses couleurs est celui du sang des ouvriers et le jaune celui de l’or des patrons. La municipalité socialiste s’est tournée vers un autre grand projet, le Louvre-Lens mais le stade Bollaert symbolise encore la ville.
Ce n’est pas la glorieuse incertitude du sport qui met le RC Lens dans l’anxiété, c’est l’éclatement des modèles politiques et sociaux qui le touche au cœur.
Il fait encore le spectacle mais comment y croire encore ?"