BodyCap est une entreprise caennaise qui a conçu des capteurs miniaturisés. La gélule E-Celsius mesure la température interne. Si l'entreprise se positionne sur le marché médical (elle est certifiée ISO13485) elle pourrait à terme adresser le marché des sports. En plein développement, Bodycap est en course pour le prix de la start-up de l'année région grand ouest. Sébastien Moussay est co-fondateur et DG de Bodycap. Il répond à nos questions.
Sébastien, peux tu rappeler ce qu’est BodyCap ?
BodyCap est une Start-up créée en 2012. Son métier est le développement de solutions électroniques miniaturisées et communicantes pour des applications Sport et Santé.
Depuis 2 ans, BodyCap connaît un beau succès. Vous êtes nommés au prix de l’entrepreneur de l’année, vous êtes allés au CES de las Vegas et vous avez levé 1M€? Ca change beaucoup de choses non?
Dans notre domaine, le succès se mesure à partir d’indicateurs très clairs. Le fait de mettre le produit sur le marché et de générer du Chiffre d’affaires à partir de ce produit sont les 2 principaux critères. Il est très difficile de passer de l’idée au produit. Tout le reste, ce ne sont que des moyens, pas des objectifs. Il faut lever de l’argent et aller au CES pour développer le produit et le rendre visible, mais ce ne sont pas des finalités. Il faut faire attention à ne pas se tromper d’objectif.
La levée de fonds nous a permis d’industrialiser le dispositif et de passer les barrières règlementaires. Quant au CES, c’est une vitrine extraordinaire.
La société est en train d’évoluer très vite. On passe d’une structure de R&D à une société de Vente de produits, avec des clients exigents. C’est une transition difficile pour tout le monde, avec de bonnes journées et de moins bonnes. Dans des sociétés comme la nôtre l’équipe R&D se retrouve très vite en contact avec le client. Elle connait immédiatement le résultat de son travail de développement : le client est content … ou non et cela peut vite devenir un point de motivation ou de démotivation.
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Bodycap commence à jouir d’une belle réputation. Vous travaillez d’ailleurs avec des partenaires de renom. Pour y faire quoi ?
On ne peut pas vivre replié sur son activité. Dans notre environnement, nous ne pouvons (et ne voulons) pas couvrir toute la chaine de valeur. Chaque maillon renvoie à un métier en particulier : La capture de données, sa transmission, sa valorisation…. Les géants comme Apple, Samsung, Orange… se positionnent sur le Big Data, ou l’hébergement de données médicales…. Nous n’avons pas la taille critique pour nous positionner sur ce secteur. Il faut donc vivre avec son écosystème et travailler en synergie avec ces entreprises qui sont souvent à la recherche de petites sociétés très flexibles. Ces partenariats sont donc stratégiques. Ils n’apportent pas directement du business mais ils nous donnent du crédit, de la visibilité et parfois l’accès à une technologie ou un savoir-faire.
Bodycap adressait en priorité le marché de la santé. On dirait qu’il existe maintenant des opportunités du côté des loisirs et du sport non ?
Le loisir n’est pas dans notre positionnement. Il y a déjà de nombreux acteurs dans ce domaine et ils tiennent leur place. Par contre, le Sport de Haut niveau est maintenant une cible clairement identifiée. Quand on y pense, la frontière entre le secteur médical et le sport de haut niveau est très étroite. Le niveau de qualité requis est le même. Les données physiologiques sont prépondérantes dans l’accès à la performance et nos interlocuteurs restent des médecins. Un sportif en équipe nationale de Football ou de Cyclisme est mieux suivi qu’un patient. Par ailleurs, ce sont des secteurs solvables avec des modèles économiques viables.
D’ailleurs, vous avez testé votre dispositif connecté avec le nageur autrichier Josef Köberl à l’occasion d’une traversée de la manche. Ce week end, il l’a été en Ligue 1 et le sera aussi sur les championnats du monde de cyclisme. En quoi ces données sont-elles utiles aux sportifs de haut-niveau ?
Nous avons les résultats des essais qui viennent de se terminer sur les Championnats du monde de Cyclisme. L’entraineur de l’équipe concerné est vraiment content des résultats. Pour la 1ere fois il connait réellement les effets de l’échauffement préalable. Il a les cinétiques de température à l’effort qu’il peut mettre en relation avec la dérive de fréquence cardiaque. On voit les capacités individuelles de thermorégulation et on peut ensuite, en situation d’entrainement travailler sur des points d’acclimatation.
En football, ils utilisent de plus en plus la cryo-récupération. Nos systèmes permettent de suivre individuellement chaque joueur pendant le match et d’individualiser la Cryo post-match.
Existe t-il un marché pour le sportif du dimanche ?
Nous commençons à avoir des demandes ponctuelles. Mais actuellement nous ne cherchons pas a aller sur ce secteur. Le marché existe très certainement, mais il faut s’en tenir à notre positionnement. Si on va sur le secteur grand public, on perdra notre positionnement Médical. Certaines entreprises ont tenté d’adresser le secteur médical après être passé par le grand public, toutes n’y sont pas parvenues.
Quels sont les objectifs pour l’année 2016 ? Comme le produit peut-il encore évoluer ?
Pour 2016, les objectifs R&D visent à connecter notre capsule directement avec l’environnement Tablette, téléphone et montres connectées. Nous savons que c’est l’une des clés. A nous de trouver les moyens nécessaires.
Sinon, notre principal challenge sera de lancer e-Celsius dans le secteur médical.
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