Le fan de sport apprécie les histoires d'Underdog, celles où le bon à rien ou l'équipe de bras cassés se révèle pour accéder au titre. Car le sport spectacle n'est qu'un champ ouvert des possibles de plus en plus restreint selon que l'écart sportif et économique est vaste entre les opposants. On aime l'Underdog car il casse un modèle de domination annoncée, il perturbe l'issue probable d'un match, il brise la corrélation entre masse salariale et résultats sportifs, en somme il déjoue le pronostic.
Souvenez vous de Michael Chang à Roland Garros en 1989, de l'épopée calaisienne en Coupe de France 1999/2000, des titres du Danemark (1992) et de la Grèce (2004) en Championnat d'Europe de football, ou voyez la naissance du "phénomène" Linsanity en NBA de suite sous nos yeux.
Le cinéma apprécie particulièrement cette trame dramatique. Par exemple, Moneyball en course ce soir pour l'oscar du meilleur film relate la série d'invincibilité des Oakland Athletics, équipe de la MLB qui compense une faible masse salariale par une approche statistique de la performance sportive. Pour rester dans le baseball, voyez les films rêve de champions (The Rookie) ou encore l'épopée des Indians (je tiens l'entrance de Charlie Sheen sur Wild Thing pour une des meilleure scène du cinéma de tous les temps ! ). Cela dit, la figure archétypale de l'underdog est surement Rocky Balboa. Dans un registre comique, voyez par exemple les prestations d'Adam Sandler dans Waterboy et Happy Gilmore, ou même encore Vince Vaughn dans DodgeBall.
Mais à la belle histoire il faudrait opposer des radioscopies des déchéances sportives, faire la petite histoire des catastrophes annoncées, analyser les itinéraires et les trajectoires qui finissent droit dans le mur.
C'est l'objet d'un documentaire radiophonique diffusée en novembre 2011 dans l'excellente émission de France Culture "sur les docks". Ce reportage en deux parties propose un "retour sur les épisodes qui ont précipité le Racing Club de Strasbourg en CFA 2. En quelques années, sur le plan sportif, le Racing Club de Strasbourg a chuté de la Ligue 1 à la CFA 2 (5ème division)"
Le tifo "vaincre" du RC Strasbourg en finale de la Coupe de la Ligue 2005 (archive perso) |
Si je vous invite à écouter ce documentaire ce n'est pas par passion pour le Racing (supporter du Stade Malherbe, je n'oublie pas la défaite en finale de Coupe de Ligue en 2005 ou encore le départ d'Alexander Mostovoï !), c'est qu'en filigrane on comprend en quoi ce qui se joue en dehors du terrain a des conséquences sportives. Les lectures par l'économie du sport sont nombreuses : la mutation du modèle économique (théorisée par Andreff et Staudohar en 2000 dans l'article “The Evolving European Model of Professional Sports Finance”, Journal of Sports Economics, 1 (3), 257-276 : lire sur ce lien une version de 2002 de cette contribution), désengagement de la municipalité et les nouveaux statuts des sociétés sportives (voir les articles L. 122-1 à L. 122-11 du code du sport), l'émergence d'un nouveau business model reposant sur l'exploitation d'un stade neuf, la motivation des actionnaires (théorisée par Sloane dès1971 pour le football européen)...
Bref, je vous laisse découvrir le documentaire de Christophe Deleu et François Test.
Bref, je vous laisse découvrir le documentaire de Christophe Deleu et François Test.
"Racing Club de Strasbourg - I : Regarde un club tomber"
"Racing Club de Strasbourg – II : Revenir, encore et toujours"
Pour ceux qui n'ont pas le courage d'écouter ces 2 heures d'émission mais qui veulent une réponse à "Comment en est-on arrivé là?" je recommande la lecture de l'article "Vous n'aurez plus l'Alsace..." de Nicolas Ksiss-Martov.
Et puisque nous sommes dans le registre de la catastrophe (et dans l'Est de la France), vous pouvez poursuivre cette explorations des abimes par le documentaire "chute libre" consacré au FC Metz. On y suit le club lorrain pendant la saison 2005/2006 sanctionnée par une relégation inévitable.
Je n'ai pas retrouvé le documentaire complet, voyez donc cet extrait de 8 minutes.
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