dimanche 17 juin 2012

Après les Finales LNB, une réflexion sur le format de la Pro A

Ce vendredi, à l'invitation de Charles Paillette, conseiller aux affaires sportives de la Ligue Nationale de basket, je suis intervenu devant les responsables de clubs de Pro B pour leur parler expérience et engagement des fans, déterminants et nouvelles modalités de consommation du spectacle sportif.  Pour clore cette journée, Alain Béral, Président de la LNB, est revenu sur le projet de réforme du format des championnats de Pro et Pro B.




Entre le sportif et l'économique, un nouveau format pour la Pro A

Ce projet a pour objectif de renforcer la compétitivité de l'élite pour lui éviter d'être décrochée sur le plan continental.  Il existe deux façons d'accéder à une compétition : le critère sportif et le critère économique. Le premier est en vigueur dans les ligue ouvertes qui se re-composent en fonction des promotions/relégations. Le second ne repose pas sur le mérite sportif mais plutôt sur un projet économique : un club ou une ville montre sa capacité à intégrer un réseau de clubs, s'y stabiliser et apporter sa contribution à la production de revenus, à fournir du spectacle ect. C'est le système en vigueur dans les ligues fermées et semi-fermées. 

Dans le projet de la LNB, deux équipes de Pro B pourraient bénéficier d'une invitation en Pro A. Les clubs prétendants à cette wild card devront déposer un projet qui sera examiné par une commission indépendante. Ici finalement, c'est plutôt un projet de ville qui est évalué car pour bénéficier du sésame il est évidement préférable d'être dans une grande ville (un marché potentiel), avec une collectivité bienveillante, un projet d'aréna,  et pourquoi pas un mécène qui pousse. Alors, bientôt deux nouvelles grandes villes (Marseille? Paris) en Pro A? 

Un projet qui ne date pas d'hier

En vérité, ce genre de projet où le critère économique compléterait le critère sportif n'est pas nouveau. En 2005, sous la présidence de René Legoff, la Ligue Nationale de Basket s’engage dans une profonde réflexion afin que la Pro A, son championnat d’élite, soit en mesure d’être concurrentiel sportivement et économiquement à l’horizon 2009. Une étude pointe en effet le déficit d’infrastructures des clubs français : en moyenne, les salles ont une capacité d’accueil de 4350 places contre 7145 en Espagne, 5700 en Italie et 6290 en Grèce. Certes, les clubs français accueillent alors en moyenne 3300 spectateurs par match (74% de taux de remplissage) mais les affluences s’effritent alors qu’elles ont progressé de 17,9% en Espagne et de 36,7% en Allemagne. Dès lors, la réforme prévoit de passer de 18 à 14 clubs et soumet l’accès au championnat d’élite non plus seulement au mérite sportif mais également à des critères économiques. Ainsi, un club devra disposer d’un budget annuel minimum de 3 millions d’euros et d’une salle d’au moins 4000 places.

Toutefois, dans son avis rendu le 20 novembre 2003, le Conseil d’État  a considéré que la définition des normes relatives aux enceintes sportives dictées par des impératifs d’ordre commercial excédait le champ des compétences des fédérations et ligues sportives professionnelles. Confirmé par décret en 2006, cet avis limite donc considérablement le pouvoir normatif des ligues professionnelles sur les enceintes sportives. Le pouvoir normatif porte alors sur les règles techniques (la taille du terrain par exemple), mais ne peut investir le champ commercial (capacité d’une salle). 

En fait, le projet de Super Ligue avait été mal perçue par les clubs de petites villes qui n'auraient pu remplir ces conditions. J'ai retrouvé dans mes archives des coupures de presse de 2005 (en cliquant sur les photos vous pouvez les agrandir). 

Ouest France du 18 mars 2005

Ouest France du 18 mars 2005

L'équipe du 23 mars 2005
Soyez attentifs à ces questions qui n'existent pas seulement dans le basket. Le projet de licences dans le football (respecter un cahier des charges pour montrer sa capacité à atteindre des standards pour figurer dans l'élite) s'inscrit dans une logique similaire. La tendance générale est de limiter le risque de relégation (sportive) d'un club qui a démontré sa viabilité (économique). 

Pour aller plus loin : 

En attendant, je vous livre quelques photos des finales LNB : 


Live Tweet des finales sur le hashtag #finalesLNB
Présentation de l'Equipe de France
le CSP champion de ProB
Ça vous rappelle un truc non?
La mascotte de Boulazac
Les supporters du Mans
Ceux de Chalon
Protocole de remise du titre de champion de Pro A
Gestion des flux au POPB, ça rame un peu
Les tribunes, même en VIP sont assez datées

1 commentaire:

  1. Merci Boris pour cette intrusion dans le petit monde du basket français…content qu’ils aient fait appel à vos compétences même si j’anticipe certainement un certain décalage avec vos propos et le public présent.

    Une question majeure semble s'établir à travers cette réflexion et la mise en place de ce dispositif "Wild Card".
    Car même si effectivement la démarche est bien celle d'une orientation anglo-saxonne "Marketing-Driven" (VS « Sport-Driven »), largement recevable dans la construction d'un nouveau modèle, comment peut-elle concrètement à MT résoudre la problématique et l’unique réponse valable à un nouveau modèle économique du sport collectif indoor français, à savoir le développement d'outils générateur de revenus: des grandes salles dites Arena.
    Par ailleurs, cette mesure n'aurait de sens que dans la perspective d'une réduction qualitative des équipes de ProA, donnée apparemment contraire à la volonté de la gouvernance actuelle de la ligue.

    Mais peut-être faut-il aussi être objectif avec la situation de ce sport où désormais seul ce genre de projets complémentaires sont envisageables pour une discipline qui n'a jamais su regarder et s'entendre, et qui a toujours privilégiée son succès local et personnel…

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