jeudi 7 juin 2012

OKC en finales NBA...

  ... pas si mal pour une ville qui n'avait aucune franchise de ligue majeure jusqu'en 2008.

De Seattle à Oklahoma

Lors de l'égalisation (2-2) du Thunder face aux Spurs en finale de conférence Ouest, je tombe sur un tweet d'Holly Kruse (@hollykruse), universitaire d'Oklahoma qui travaille sur les NTIC dans le sport. Elle écrit : " So apparently major league professional sports in Oklahoma is a thing now. Nice job, Thunder."
Je pars de ce tweet pour rédiger mon billet. Mené 2 à 0 dans la série, le Thunder atteint les finales en sortant les Spurs lors du match 6
La franchise d'Oklahoma s'appuie sur le talentueux Kevin Durant, MVP du All Star Game 2012 et meilleur marqueur de la ligue pour la 3ème saison de suite. Il faut aussi citer Serge Ibaka, défenseur exemplaire, Russel Westbrook, ou encore James Harden, élu meilleur sixième homme 2012. 

Songez surtout qu'Oklahoma City ne dispose de cette franchise que depuis 2008 ! Il ne s'agit pas d'une création mais d'une délocalisation puisque le Thunder opère dans la continuité des anciens SuperSonics de Seattle. En effet, en 2006, un groupe d'investisseurs d'OKC emmené par Clay Bennet acquière la franchise pour 350M$. La volonté affichée de déménager l'équipe soulève quelques réticences mais après une bataille juridique, les Sonics deviennent le Thunder et rejoignent la Chesapeake Energy Arena. Lors de sa première saison à OKC l'équipe termine bonne dernière de sa division. 


 

 Quelques vidéos pour comprendre la délocalisation Seattle/OKC


Une lecture géographique pour comprendre cette délocalisation

Voyez le chemin parcouru depuis. C'est l'occasion pour moi de vous inciter à lire cette article académique de circonstance qui a largement influencé dans mes travaux : 

Comer & Newsome (1998) : Will Major League Sports Ever Come to Oklahoma? (lien vers l'article en PDF)

En 1998, ces deux géographes s'interrogent sur la viabilité du marché d'Oklahoma City à accueillir une franchise de ligue majeure. Les auteurs rappellent l'échec de la ville à recevoir une équipe de hockey lors de l'expansion de la NHL en 1997. 
OKC, avec 1,3 millions d'habitants, est alors l'une des rares aires métropolitaines de cette taille sans aucune équipe professionnelle. Les géographes avancent 3 explications à cette situation :




  1. La concurrence régionale est forte : 16 équipes existent alors dans de grandes villes voisines (Dallas, Denver, Houston, Kansas City, San Antonio, St. Louis)
  2. Peu de densité urbaine, obligeant à aller chercher son public assez loin
  3. Peu d'habitants à l'échelle américaine : OKC reste une petite ville au 45ème rang des aires métropolitaines. 
Pour autant, Comer & Newsome prédisaient déjà :
"Ultimately, Oklahoma will probably host a major league professional sports team within the next two decades. With steady expansion by all four leagues becoming the norm in the 1990s, smaller and smaller cities are winning expansion franchises due to the saturation of the upper levels of the United States urban hierarchy. However, this trend clearly needs to continue for Oklahoma City to become a strong-enough contender to win an expansion franchise. Major league sports could come to Oklahoma sooner, however, should Tulsa or Oklahoma City entice an existing team to relocate. Currently, smaller cities without teams often find themselves being used as bargaining chips by team owners using the threat of relocation to try to extract better deals from their host cities. Every so often, though, a team actually does pull up stakes and move. This could be Oklahoma's best chance at hosting a major league team in the very near future."

Certes, OKC n'a qu'une seule franchise mais elle est compétitive. C'est l'une des forces du système de régulation nord-américain que de permettre aux équipes en difficulté de redevenir rapidement victorieuses. OKC illustre cela : il n'a fallu que 4 saisons pour que le Thunder passe de dernier de sa division à finaliste de la ligue.  

Ce matin je découvre donc la qualification d'OKC en finales et je tombe sur ce tweet de Matt Zimmerman (@Zimmsy, universitaire en Management du Sport) :

"Enough with the crying for the Sonics fans. Their team moved, that's life. Suck it up. No one cares. #RaidersFan #LakersFan #DodgersFan"

J'ai déjà abordé en partie les aspects géographiques de la régulation des ligues majeures dans deux billets : l'un consacré à la diffusion des ligues, l'autre à la délocalisation des Dodgers.

3 commentaires:

  1. Bonsoir,
    intéressant article. La réussite actuelle de cette franchise doit sa réussite à une conjonction d'évènements: la draft de durant par les sonics juste avant le déménagement (non de greg oden aux genoux brisés et devenu alcoolique), en 2008 la draft de westbrook en 4 alors que deux autres équipes le laissent passer pour beasley (toujours entre deux arrestations) et mayo, la draft d'harden en 3 alors que les grizzlies prennent thabeet, le steal ibaka et enfin l'échange d'un pivot scoreur (avec durant, westbrook et harden pas besoin) pour un pivot typique conférence Est (dur et méchant) Perkins
    bref merci sam presti gm élevé à l'école de rc buford et greg popovitch
    reste à garder tout ce beau monde, rien n'est moins sûr, le franchise player c'est durant mais westbrook aura du mal à rester le N°2, espérons pour l'équipe qu'il fasse le choix du collectif.

    bonne soirée

    Cyril Froidure

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  2. Et la rancune a l'air d'être tenace ! http://www.popnsport.com/actus/93138/un-quotidien-americain-felicite-les-sonics-pour-leur-qualification-en-finale-nba/

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  3. Merci de vos interventions et de l'expertise sportive.
    Je vais faire en sorte de revenir plus longuement sur la logique géo-économique d'une délocalisation. Notez bien que ce papier de circonstance n'avait que pour humble objectif que d'inciter le lecteur à lire l'analyse de Comer & Newsome.

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