lundi 28 janvier 2013

"t'as vu, l'prof est sur twitter ! ", épisode 2 : entretien avec @bbarbusse

Voici le second volet d'un cycle de billets consacré aux universitaires/twittos en Management du Sport. Après Nicolas Scelles, c'est au tour de Béatrice Barbusse de répondre à nos questions. 

Béatrice Barbusse est Maître de Conférences à l'Université de Paris Est Créteil. Ses travaux mobilisent la sociologie et la socio-économie. Elle est reconnue pour son expertise en management des ressources humaines dans le domaine du sport. De 2007 à 2012, elle a présidé le club professionnel de handball de l'US Ivry ce qui lui a valu de participer à la commission grandes salles (rapport Arenas/Costantini), d'être Vice-Présidente de l'Union des Clubs Professionnels de Handball (2008-2012) et Vice Présidente de la LNH en 2012. 



Tu es sur twitter depuis peu, comment envisages-tu cette plateforme? 
Cela ne fait pas longtemps, à peine 6 mois que je suis sur twitter alors j’essaie pour le moment d’apprivoiser l’outil. Je fais un peu tout : je lis certains articles proposés par les twittos, ceux qui peuvent intéresser mes recherches, je poste de temps en temps (en moyenne au moins une fois par jour), je retweete aussi régulièrement (au moins une à deux fois par jour) et plus souvent que je ne poste, je lis tout simplement pour me tenir au courant de l’actualité sportive principalement.

Fais tu un usage pédagogique de twitter ?
Non absolument pour une raison évidente : j’ai trop d’étudiants. Je n’ai que des cours d’amphi où il y a minimum 200 personnes et au total je dois avoir près de 700 étudiants. J’ai par exemple un cours sur le pilotage du changement en master 2 professionnel et comme c’est un cours du tronc commun ils sont plus de 200 ! Je suis dans une UFR où les effectifs sont importants et donc Twitter est impossible à utiliser ce qui n’est pas le cas pour des promotions à petits effectifs en master sélectif par exemple. Pour communiquer avec les étudiants nous pouvons utiliser une plateforme pédagogique que mon université a développée où on peut ouvrir des groupes de discussion, mettre des documents, faire passer des évaluations d’entrainement….
Twitter ne peut pas être utilisé par l’université de masse à l’image de mon UFR (4000 étudiants, l’équivalent d’Euromed !) et toutes les formations ont au minimum 150 étudiants. En M2, dans les options de spécialité, ils sont 20 alors là on peut éventuellement utiliser Twitter à condition que les étudiants l’utilisent et là c’est pour moi l’interrogation la plus totale. Car pour faire usage de tels outils, je suppose qu’il faut quelques ressources (culturelles, sociales…) et je ne suis pas sûre que les étudiants que nous avons aient les ressources nécessaires. La fracture numérique n'est pas une invention. Elle existe. La semaine dernière j'ai fait un petit test dans mon amphi : sur les 200 étudiants environ de L3, seule une dizaine à peine d'entre eux avait un compte twitter !!!

Cela modifie t-il ton rapport à tes étudiants ?  
Absolument pas ! C’est trop tôt pour avoir tissé des liens avec les anciens. Mes anciens étudiants, je reprends contact avec eux plutôt via viadéo ou linkdln ou encore Facebook.

Twitter a t-il contribué à élargir ton réseau, plus particulièrement dans le domaine de la recherche ?
Oui. Cela m’a permis de nouer des contacts avec certains chercheurs en gestion, en économie, en management car en sociologie le contact est plutôt direct. Mais en effet, je peux suivre des personnes que je ne pourrais pas suivre autrement et de me rendre davantage compte de leur objet de recherche. Mais je ne compte pas non plus seulement sur twitter pour nourrir mes recherches car parfois les éléments informatifs sont factuels et souvent superficielles. On peut lire de nombreux articles écrits par des journalistes avec de nombreux biais. En revanche, les rapports, ou les articles de chercheurs sur des blogs me permettent de prendre la température et de me tenir au courant de sujets connexes aux miens. Cela en fait me permet de nourrir ma culture sportive.

Source : handnews
Reconnais tu à twitter des bénéfices que tu n’avais pas imaginés en t’y lançant ? 
OUI OUI et OUI !!! C’est une mine d’or d’informations qui vous permet de démultiplier le temps de recherche d’informations et d’articles. J’ai pu ainsi commencer à me constituer une base de données. Mais cette activité est fortement chronophage parfois incompatible avec mes activités.
Au début, j’ai ouvert un compte tweeter non pour la recherche mais pour communiquer pour mon club (alors que j’étais présidente). Cela me permettait de relayer des infos chaudes mais je me suis vite rendu compte que je pouvais l’utiliser différemment également.
Mais je me rends compte aussi que c’est un outil qui génère plus d’addiction que les autres réseaux. Il faut savoir aussi prendre de la distance par rapport à son usage dans la gestion de son temps par exemple. En outre, il donne l’illusion d’être plus proche de nos followers ou de ceux que l’on suit mais en réalité on ne connaît pas ces personnes. C’est un moyen rapide et facile pour prendre contact et pour cultiver un réseau de "liens faibles" dixit le sociologue américainn Granovetter.

Dirais-tu que twitter a bonifié ta notoriété ou ta réputation ? 
Je ne sais pas du tout. Pour le moment quand je suis sollicitée pour des interviews, des participations à des colloques, tables rondes… et en ce moment c’est au moins une fois par semaine ce n’est pas grâce à twitter mais à mon réseau personnel réel et non virtuel.
Ce qui est sûr c’est que cela permet de cultiver un réseau (virtuel) et de se faire connaître éventuellement auprès d’institutions ou de personnes centrales (leader d’opinion notamment). Mais pour le moment je n’ai pas de retour suffisant pour dire que cela a bonifié ou non ma notoriété ou réputation.  Je n’ai pas les outils suffisants en tout cas pour le mesurer.

Quel twittos recommandes-tu de suivre ?
Trop tôt pour moi… Pas assez de recul et un carnet d’adresse trop restreint. Et puis cela dépend des sujets. Là il faudrait que je fasse un tri et que je récapitule et pour le moment ce n’est pas du tout ma priorité.

Ton activité numérique a t-elle eu des prolongements dans la vraie vie ? 
J’ai peur de ne pas comprendre votre question. Ce que je peux dire c’est que je n’utilise pas twitter uniquement pour le sport. J’en fais usage également pour les sujets qui m’intéressent : politique, sport et entreprise et en particulier sport et santé (autre domaine de recherche que j’affectionne), littérature… Twitter est au fond entré dans ma vie. Cela permet de suivre « l’air du temps » ce qui m’intéresse aussi sociologiquement.

Twitter te permet-il d’élargir ton réseau à l’international ? 
Je n’ai pas assez de pratique pour l’affirmer. Je viens juste de prendre contact (de suivre) quelques spécialistes du sport féminin notamment américains que j’avais croisés lors d’un colloque.

Quelles différences avec les autres réseaux sociaux tels facebook, viadeo ou linkdln ?
J’ai rajouté cette question car pour moi c’est ce qui m’a tout de suite frappé. Je suis sur Facebook, viadeo, linkdln et aujourd’hui j’utilise plus twitter. Ces réseaux ne jouent pas du tout les mêmes fonctions. J’utilise surtout twitter car c’est un site plus informatif où l’information est souvent factuelle et c’est cela qui m’intéresse. C'est un excellent outil de veille. Alors que Facebook est un outil plus personnel où je ne prends comme ami que des personnes que je connais personnellement et où j’y mets plus des informations personnelles de ma vie privée. Et viadeo et linkdln, il faut y être car sinon… mais ce sont des réseaux qui m’ont permis de prendre contact concrètement avec des personnes pour des enquêtes, des interventions… Mais wait and see pour twitter. En tout cas, on s’y prend vite au jeu et je vois que parfois il y a un effet pervers qui est de mettre des tweets juste pour exister, pour se faire entendre, pour dire "ej je suis là et je vous suis". Je le vois avec certains tweeters alors pour ma part en tant que novice je suis encore dans une phase d’apprentissage et d’apprivoisement ou de socialisation.

Quelques travaux et entretiens de Béatrice Barbusse

  • "De l'entraineur au manager sportif", Revue Jurisport n°124, Octobre 2012
  • "Etre entraineur sportif", Editions Lieux Dits, Février 2012
  • « Le modèle fédéral dans le sport français, un principe fondateur dépassé ? », Revue Fédéralisme-Régionalisme, Université de Liège, Volume 9/2009, Numéro 2, Mars 2010, 
  • « Entre sport et entreprise, une attirance réciproque », L’Expansion Management Review, n°134 septembre 2009. 








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire