lundi 3 juin 2013

Journaliste et twittos, entretien avec Jean-Damien Lesay

Les médias sociaux et plus particulièrement twitter servent aussi à la diffusion de l'information. Dès lors, il n'est pas surprenant que de nombreux journalistes se soient appropriés le site de microblogging. HoaS poursuit ses entretiens avec les acteurs du #Digisport pour s'intéresser aux journalistes qui twittent, bloguent et parlent du sport. En effet, il ne s'agit pas tant d'interviewer les journalistes chroniqueurs/commentateurs/animateurs que ceux qui traient du sport sous ses aspects économiques, médiatiques, sociologiques.
Nous débutons cette série avec Jean-Damien Lesay. Journaliste indépendant, il a travaillé pendant trois ans à So-Foot où il traitait des à côtés, a collaboré pendant deux ans à Libération et apparait de façon épisodique sur RFI depuis 2009. Jean-Damien s'est spécialisé depuis deux dans les politiques sportives des collectivités locales. Il collabore principalement avec le site localtis de la caisse des dépôts. Jean Damien anime le blog "les politiques sportives en France" depuis octobre 2012 (plus de 800 posts) et son compte twitter (@JeanDamienLesay) est suivi par plus de 240 abonnés.


Jean-Damien, vous alimentez à une fréquence élevée votre blog d'articles de l'Equipe. C'est un gros travail non? 
Ce n'est pas si énorme que ça, sinon j'aurais plus de contenu en dehors de l'Equipe. L'idée est de faire remonter toutes les infos qui concernent l'environnement du sport en général. C'est donc un scope un peu plus large que ce que je peux faire pour localtis puisque je peux parler d'économie du sport professionnel par exemple. J'utilise principalement l'Equipe tout simplement parce que c'est le seul média à fournir quotidiennement des infos de première main. Sinon, j'ai des alertes sur google actualités calibrées sur certains mots clés et j'utilise aussi une alert box. 

Etes vous attentif aux stats de votre blog? 
Oui, je regarde régulièrement le nombre de pages vues et quels types d'articles fonctionnent le mieux. Cela est toujours l'occasion de surprises. Récemment j'ai eu une interview de Maurice Vincent, le Maire de Saint Etienne qui anime le groupe des villes hôtes de l'Euro 2016. Il fait un point très complet sur l'Euro 2016 et comment ça se prépare dans les villes. C'est le genre d'articles qui génèrent peu de clics alors que si je reprends une brève de l'Equipe de 5 lignes sur le RC Lens et ses problèmes économiques je vais en avoir 10 fois plus. Les gens qui me lisent s'intéressent bien au sport dans ses dimensions économique, institutionnelle, politique, mais malgré cela, il faut faire des choses plus spectaculaires et grand public pour générer du clic.




Votre arrivée sur twitter est récente. Qu'est-ce qui vous a motivé? 
Je n'étais pas réticent à l'idée de me mettre sur twitter mais je me demandais à quoi cela pouvait me servir. La seule idée que je m'en faisais, c'est celle de personnes qui postaient comme ça une petite info et j'avais l'impression que ces gens gâchaient le métier en balançant des infos non approfondies à tout le monde. Ce qui me semblait alors le plus intéressant c'est le tweet qui utilise un lien pour amener le lecteur vers une info traitée sous forme journalistique. J'ai donc ouvert mon blog et mon compte twitter en même temps, me servant du second pour relayer les billets du premier. Cela évitait d'avoir un blog perdu dans la galaxie sans rien pour dire qu'il existe. Dorénavant, j'utilise aussi twitter pour retweeter et signaler des articles intéressants dans mon domaine d'expertise. 

Twitter a t-il modifié votre façon de pratiquer le journalisme? 
On doit une loyauté envers les titres qui nous emploient. En qualité d'indépendant, je ne suis pas attaché à un titre en particulier donc si j'ai une exclu ou une info intéressante c'est normal que je la réserve à celui qui va me payer. Si nous prenons la cas typique d'un journaliste de l'Equipe, qui est identifié comme tel sur twitter, il peut adopter une attitude différente en divulguant une info sur twitter alors que son article ne sera imprimé que le lendemain matin. On considère alors que c'est l'Equipe qui donne une info. Moi, ce n'est pas dans mon intérêt. Si je sors d'une conférence de presse et que je commence à faire 3/4 tweets pour balancer les infos les plus intéressantes, qu'est ce que je vais donner après aux gens qui me payent pour écrire des articles? 

Vous êtes sur un créneau très précis, plus restreint encore que celui de l'économie du sport, votre blog et votre compte twitter permettent-ils de vous identifier sur votre expertise? 
Oui, c'était un des buts de ma démarche. J'ai d'ailleurs eu la grande satisfaction de compter parmi mes abonnés, Valerie Fourneyron en personne, Regis Juanico qui est rapporteur du budget sport à l'Assemblée Nationale ou encore Maurice Vincent évoqué à l'instant. Ca permet aussi d'entrer en interaction avec des décideurs dans les domaines que je couvre. 

Si twitter peut être une vitrine, considérez-vous cela aussi comme une source d'info? 
Oui, mais relativement peu. J'ai découvert twitter tardivement, à l'automne dernier et quand j'ai voulu y trouver de l'info j'ai été confronté au trop plein. Cela dit, sur certains points particuliers ça peut être très intéressant. Par exemple, cet hiver, j'ai travaillé pour RFI sur la Coupe d'Afrique des Nations et twitter permettait d'être en liaison avec des envoyés spéciaux de la chaine, d'avoir les tweets des autres journalistes présents dans les stades et donc d'avoir des infos très fraiches sur un match qui est en train de se passer à l'autre bout du pays. 

Avez vous identifié des bénéfices que vous ne soupçonniez pas avant de vous lancer sur le twitter? 
Il y a la forme de reconnaissance des personnes qui se mettent à me suivre alors que je les suivais parce que c'est mon métier. Et puis ce qui m'a amusé et que j'ai découvert assez rapidement c'est le #FF. C'est sympathique et c'est intéressant de voir à quels noms on est associé, à quel univers la personne qui fait le #FF nous rattache. 

De Jean Damien, vous pouvez lire

2 commentaires: