lundi 8 août 2016

Pogba, presque rien

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Pogba serait quasiment à Manchester United pour 120 millions d'euros (voir Le Monde, le Wall Street Journal). J'en profite pour relayer la chronique éco publiée sur le site de France Football le 21 juillet dernier. 

Il n'est pas aisé d'objectiver la valeur du transfert de Paul Pogba à Manchester United. Faut-il justifier les 120 millions dépensés (le montant n'est pas encore officiel) par les seules qualités sportives du joueur ou existe-il un espace où le je ne sais quoi et le presque rien expliqueraient presque tout?

Paul Pogba deviendrait donc le joueur le plus cher de l'histoire détrônant Gareth Bale transféré de Tottenham au Real Madrid pour 100M€ en 2013. Le montant peut paraitre extravagant pour un joueur qui sort d'un Euro mitigé et dont la popularité, évidente notamment chez les plus jeunes, apparait moins flamboyante que celle de Griezmann (du moins en France). On peut certes expliquer le montant du transferts par des critères décisifs comme ses performances, son âge, sa position sur le terrain, le nombre d'années de contrat qu'il doit encore honorer... C'est ce que fait d'ailleurs l'observatoire du football du CIES qui estimait la valeur du joueur à 94,8 M€. Pas si loin que ça, à considérer qu'on est plus à 25 millions près...



La valeur n'attend point le nombre des années
Il est difficile de comprendre l'évolution de la valeur du joueur  sauf à poser l'hypothèse que Manchester United n'a pas acheter un joueur. Du moins pas seulement. Il y'a chez Pogba ce je ne sais quoi et presque rien qui échappent à la raison. C'est ce croit avoir déceler les magazine américain SportsPro au printemps dernier. Chaque année il s'applique à édicter une liste des athlètes au potentiel marketing le plus fort. Qui devance Cristiano Ronaldo, Usain Bolt, Lionel Messi, Peter Sagan, Neymar? Paul Pogba, qualifié de The world’s next great soccer player, est second de ce top50 devancé par l'immense star NBA Steph Curry. Décrit par le magazine comme spectaculaire et énigmatique, à 23, Pogba a tout l'avenir devant lui et c'est peut-être cela qui lui confère toute sa valeur. En début d'année, Adidas s'en engagé pour 10 années avec le néo mancunien pour un montant estimé à 40 millions.

"Il n'y a que les américains pour prêter de l'importance à cela" direz vous. Et bien Manchester United appartient à la famille américaine Glazer à la tête d'un empire sportif. Et, appelez cela du hasard qui ferait bien les choses ou de la synergie (ce qui créée aussi de la valeur), mais le club mancunien - dont la valeur est estimée à 3,32 milliards de dollars - s'est engagé il y a deux ans avec Adidas pour un montant de presque un milliard d'euros sur 10 ans.

On a dit de lui qu'il était un diamant brut. Pogba serait plutôt un grand cru, un vin de garde, de ceux dont le nom raisonne comme une marque rassurante sur ce qu'ils valent mais qui peuvent aller en se bonifiant avec le temps. C'est aussi ce je ne sais quoi qui rend le transfert de Pogba si singulier : tout comme si on avait misé non pas sur ce qu'il est mais sur une potentialité. Pogba est un footballeur de l'intervalle est pas seulement sur le terrain. Talent en devenir, il n'est déjà plus ce joueur qui a tout à prouver mais pas encore celui qui doit tout démontrer. Ce n'est pas tant son habileté de joueur que cette immense expectation qui donne à Pogba sa valeur, entre je ne sais quoi et presque rien.

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