jeudi 24 mai 2012

Où ça parle de catch, de la WWE et de bibliographie

En mars dernier, à l'occasion de Wrestlemania, je proposais un billet sur la WWE inspiré du chapitre d'ouvrage "Be ready to be excited - Stratégie marketing et modèle économique de la WWE" paru dans Néo-marketing du sport. Regards croisés entre Europe et Amérique du Nord (In M. Desbordes & A. Richelieu - Eds.) chez De Boeck.

Une version en langue anglaise de cet ouvrage vient de paraitre chez Routledge : Global Sport Marketing. Contemporary issues and practice.




Penser le catch

Et je ne suis pas le seul universitaire à parler de catch. En début d'année prochaine se tiendra à l'Université de Bordeaux 3 un colloque international intitulé « Le catch et… », mise en scène et passage des frontières. Je reproduis ici l'argumentaire :

Depuis  les Mythologies, les études culturelles ont bien perçu que le catch pouvait être plus qu’un choc frontal de deux masses musclées et huileuses sous le regard d’une foule partiale. Bien qu’il ait reçu l’attention de personnalités aussi diverses que Barthes (« Le monde où l’on catch », 1957), Henry Jenkins (« Never Trust a Snake. WWF Wrestling as Masculine Melodrama », 1997) ou Angela Carter (« Giants’ Playtime », 1976), et bien qu’il fasse l’objet d’une attention universitaire soutenue aux Etats-Unis, le catch n’a pourtant pas fait en France l’objet d’un travail qui en épuiserait les possibilités et les significations, sans se limiter à la tétralogie masculinité, popularité, excès et rituel.


Sport fiction, sport simulacre, le catch s’établit d’emblée sur une frontière entre deux univers. Dans les Amériques, cette notion du catch comme une interface outrancière articulant la rencontre de plusieurs modalités spectaculaires, de plusieurs courants culturels et de plusieurs identités ne saurait être exagérée. Ainsi, le catch professionnel aux États-Unis suscite-t-il en retour un regain d’intérêt pour son pendant mexicain, illustré par un film comme Nacho Libre (2006). Réciproquement, le catch mexicain s’est fait une spécialité de l’emprunt à la culture populaire américaine, rebaptisant le catcheur El Santo « Superman », ou donnant plus récemment à une équipe le surnom de « Justice League ». Ainsi encore, le catch propose-t-il à ses acteurs des passerelles vers le cinéma (Dwayne Johnson, « The Rock », vu par exemple dans Southland Tales (2006)) ou même vers la politique (Linda McMahon, candidate pour le Sénat des Etats-Unis, Jessie "The Body" Ventura, devenu gouverneur du Minnesota). Le catch est aussi un sujet fertile de représentations : que l’on pense à The Wrestler, de Daren Aronofsky (2008) , aux bandes dessinées de Jaime Hernandez (Love and Rockets, 1982- ) ou encore aux photographies de Dulce Pinzon (The Real Stories of Superheroes) mettant en scène des travailleurs mexicains aux États-Unis habillés en catcheur ou en super-héros. Ce colloque cherchera à identifier ce qui rend le catch si propice au développement de ces transitions, extensions et passage de frontières.


Il explorera pour cela d’une part le catch lui-même, son économie, sa forme et sa réception, mais aussi et surtout les multiples interfaces qu’il propose, dans une approche résolument pluridisciplinaire. « Le catch et… » Le catch et la qui accompagne chaque match, discours qui répondrait alors, sans surprise ou presque (rôle du cliché, des agencements forme-sens prototypiques), aux attentes d’un public ? frontière mexicaine, le catch et le cinéma, et le catch et les formes d’identités, le catch et l’art, le catch et la télévision, le catch et les autres sport-spectacles, etc. D’autre part, l’analyse de ce genre de discours, si particulier, que constituent les mots du catch pourra être abordée de diverses façons en linguistique tout autant qu’en stylistique. La plus évidente correspond à la mise en récit qui accompagne cette mise en scène. Quelle histoire nous est racontée ? Sur quels types de représentations culturelles et sur quelles stratégies discursives récurrents repose-t-elle ? L’étude des isotopies, au sein du lexique, tout autant que celle des figures de style peut apporter un éclairage supplémentaire sur les thèmes du colloque. Comment, par exemple, fonctionne le processus d’identification ? Existe-t-il un codage, lato sensu, du « discours du catch »


D’après le propos exposé plus haut et sans que cela soit exhaustif, nous proposons de traiter les axes suivants :
  • histoire culturelle et économique du catch dans les Amériques
  • stratégies d’exportation et spécificité de la réception française
  • le catch comme récit transmédiatique (incluant toutes circulations entre médias et problématiques de l’adaptation)
  • esthétique spectaculaire et représentation du corps, etc.

Une bibliographie "catch"

Le programme est passionnant n'est-ce pas? Si vous souhaitez aller plus loin, voici une courte bibliographie. Lorsque cela est possible, je mets un lien vers le document source.


Assael, S., & Mooneyham, M. (2002). Sex, Lies and Headlocks. The Real Story of Vince McMahon and the World Wrestling Entertainment. New York: Three Rivers Press.

Ashley, F. B., Dollar, J., Wigley, B., Gillentine, J. A., & Daughtrey, C. (2000). Professional Wrestling Fans: Your Next-Door Neighbors? Sport Marketing Quarterly, 9(3), 140-148. (résumé)

Barthes, R. (1957). Le Monde où l'on catche. in. Mythologies. Paris: Editions du Seuil. (extraits)

Costantino, O., & Gordon, C. (2009). Fake Rules, Real Fiction: Professional Wrestling and Videogames. digra.org (Digital Games Research Association).

De Garis, L. (2005). The "Logic" of Professional Wrestling. In N. Sammond (Ed.), Steel Chair to the Head: The Pleasure and Pain of Professional Wrestling (pp. 192-212). Durham & London: Duke University Press.

Foley, M. (2001). Foley is Good: And the Real World is Faker Than Wrestling. New York: Harper.




Greenberg, K. E. (2000). Pro Wrestling: From Carnivals to Cable TV. Minneapolis: Learner Publishing.

Jenkins III, H. (2005). "Never Trust a snake" : WWF Wrestling as Masculine Melodrama. In N. Sammond (Ed.), Steel Chair to the Head: The Pleasure and Pain of Professional Wrestling (pp. 33-66). Durham & London: Duke University Press.

Lamoureux, Christophe. (1993), « La grande parade du catch. », Presse Universitaire du Mirail

Lunel, Arnaud. (2001), Une sociologie du catch? DESS (125), 49-53

Mazer, S. (1998). Professional Wrestling. Sport and Spectacle. Jackson: University Press of Mississippi.

Mazer, S. (2005). Real” Wrestling/ “Real” Life. In N. Sammond (Ed.), Steel Chair to the Head: The Pleasure and Pain of Professional Wrestling (pp. 67-87). Durham & London: Duke University Press.

Mons, B. (2008). Les corps à corps du catch. Vacarme (48).


j'ai ça dans ma bibliothèque. Mais c'est pour le travail hein !


Pour aller plus loin : 

Sur WWE.corporate/, vous aurez accès aux rapports financiers annuels de la WWE et aux résultats trimestriels de la firme.




Les derniers résultats financiers de la WWE. Ça se trouve sur wwe.corporate



Pour aller plus loin sur le modèle éco de la WWE :
"Stephanie McMahon at the WWE 2012 Business Partner Summit"

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    Ce colloque a l'air passionnant! Y participerez-vous? En tout cas, merci de parler sérieusement de ce sujet! Je suis l'un des administrateurs des Cahiers du Catch (que vous avez cités dans l'un de vos posts, et nous en sommes honorés!), et nous essaierons de le couvrir. Nous aimerions aussi vous interviewer un jour, si vous en êtes d'accord!
    Amicalement,
    Axl, des Cahiers du Catch (axl@lescahiersducatch.com)

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    1. C'est moi qui suis honoré !
      Je prends toujours un grand plaisir à lire les cahiers du catch, parfois même je m'envoie le CR d'un show ou d'un PPV avant même de le voir !
      Il m'arrive aussi d'inciter mes étudiants à vous lire.

      Malheureusement, mon agenda ne me permet pas d'aller à Bordeaux.

      C'est avec grand plaisir que je me prêterai au petit jeu de l'interview (cela ferait un joli combo cahiers du foot/cahiers du catch)

      PS : aujourd'hui au bureau je portais mon t-shirt "best in The World de CM Punk"

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